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Comment la rupture de carburant pourrit la vie aux pêcheurs

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La rupture de carburant de pirogue affecte sérieusement les activités des pêcheurs. Ceux de Soumbédioune ont crié leur mal-être. Leurs collègues de Thiaroye menacent de se faire entendre à leur tour. Avant eux, Kayar avait tiré la sonnette d’alarme. Reportage.

Les pêcheurs de Soumbédioune ont bloqué la Corniche-Ouest pendant plusieurs minutes, samedi, pour réclamer du carburant détaxé, pendant que ceux de Thiaroye-sur-mer menaçaient de descendre dans la rue pour la même raison. Mais, la pénurie d’essence ne se fait pas sentir seulement à Dakar et environs, c’est un phénomène qui touche en réalité presque tous les pêcheurs des zones côtières du pays.

Seneweb était à Kayar (58 km au nord de Dakar) au début du mois de décembre dernier pour les besoins d’un reportage à paraître. Les pêcheurs de cette localité du département de Thiès avaient dénoncé le manque de carburant marin.

« Le manque de carburant est devenu un véritable problème pour nous; on est très fatigués, éructe le jeune pêcheur Baye Diop, en montrant du doigt une dizaine de pirogues accostées loin de la mer. Il y a beaucoup de piroguiers qui n’ont pas pu aller en mer faute de carburant. La situation est très difficile. »

Diop explique en effet que la situation est pareille dans les autres zones côtières du pays, notamment à Rufisque et à Saint-Louis. Capitaine de pirogue, Mor Mbodji, la quarantaine, acquiesce : « L’autre jour, je suis allé jusqu’à Rufisque pour pouvoir m’approvisionner. Mais, j’ai dû attendre 48h pour avoir les 60 mille litres dont j’avais besoin. Je viens d’arriver comme ça. Vous voyez que c’est très compliqué. »

Responsable national de la commission prévention et gestion des conflits entre pêcheurs, Pierre Mboup, pour sa part, impute la responsabilité aux autorités étatiques. Il se désole en effet de constater qu’au Sénégal, une seule raffinerie à savoir la SAR produit du carburant de pêche.

« C’est inadmissible dans un pays où le secteur de la pêche génère des centaines de mille d’emplois. Le gouvernement a subventionné les moteurs de pirogue et les gilets mais le carburant reste introuvable », fait remarquer Mboup, soulignant que le carburant détaxé est vendu à 497 francs Cfa le litre.

Chute de la quantité de débarquements
Du côté de la municipalité l’on pointe du doigt la houle du mois de novembre dernier.

« Le ville comptait 13 stations d’essence de pirogue, et pourtant, le carburant ne suffisait pas en période de campagne, signale Aliou Ndoye, premier adjoint au maire de la commune de Kayar. Aujourd’hui, avec l’arrêt définitif des quatre, détruites après le passage de la récente houle, la situation est encore beaucoup plus critique. C’était prévisible. »

Troisième centre de pêche du Sénégal, après ceux de Joal et Mbour, Kayar enregistre, aujourd’hui, une baisse des ressources halieutiques. À cause des pénuries récurrentes de carburant. « Jusqu’en 2012, on enregistrait en moyenne environ 50 mille tonnes de débarquements mais aujourd’hui, on atteint à peine les 30 mille tonnes », informe Alioune Mbaye, chef de service départemental des pêches et de la surveillance de Thiès, établi à Kayar.

Pourtant, d’après les statistiques, la commune compte 1033 pirogues et, indique Mbaye, « en saison d’abondance, c’est-à-dire entre novembre et juin, on en dénombre plus de 2000 avec l’arrivée de pirogues venues de Saint-Louis, Rufisque et Bargny ».

seneweb

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