Une vente aux enchères de livres ayant appartenu à l’ancien président sénégalais Léopold Sedar Senghor, prévue mardi à Caen (Calvados), a été « suspendue » en raison de négociations avec le Sénégal, qui envisage d’acquérir « l’ensemble de la bibliothèque », a appris l’AFP auprès des organisateurs.
« La vente a été suspendue parce que l’Etat sénégalais souhaite engager des négociations avec notre hôtel des ventes et avec l’héritier pour acheter l’ensemble de la bibliothèque », a déclaré lundi à l’AFP Me Jean Rivola, commissaire-priseur à l’hôtel des ventes de Caen.
La bibliothèque mise aux enchères est constituée de 343 volumes avec chacun la dédicace de leur auteur, pour la plupart « tombés dans l’oubli », a précisé ce spécialiste des livres anciens, des manuscrits et de l’orfèvrerie.
« L’intérêt de cette bibliothèque, c’est qu’elle permet de voir quelles étaient les affinités intellectuelles de Léopold Senghor, les écrivains avec lesquels il échangeait entre les années 1940 et 1970 », a-t-il estimé, jugeant que cela donne « une photographie des personnalités qui gravitaient autour de M. Senghor et son oeuvre dans l’immédiat après-guerre ».
Selon le catalogue de la vente, ils sont pour la plupart reliés, et proposés à des prix allant de 10 à 40 euros. Rares sont ceux affichés au-delà de 60 euros.
Les livres sont proposés à des prix « abordables », car « ils n’ont d’intérêt que par la dédicace qui se trouve dedans » or « donner de la valeur à une dédicace, ça reste très subjectif », a jugé Me Rivola.
« D’ici une quinzaine de jours, s’il n’y a pas d’aboutissement avec l’État du Sénégal dans les discussions, (la collection) sera remise aux enchères », a-t-il affirmé.
En octobre 2023, le Sénégal avait annoncé avoir acquis 41 objets ayant appartenu à M. Senghor -mis aux enchères par l’hôtel de ventes de Caen- pour une valeur totale de 244.000 euros.
Il s’agissait alors de bijoux, de décorations militaires, de stylos plumes en or et divers autres objets.
Poète et écrivain, Léopold Sédar Senghor a été un chantre de la Négritude, un mouvement pour la défense des valeurs culturelles du monde noir qu’il a fondé dans les années 1930 avec le Martiniquais Aimé Césaire et le Guyanais Léon Gontran Damas.
Agrégé en grammaire française, il a été le premier Africain membre de l’Académie française. Il est décédé en 2001 à Verson, en Normandie, à l’âge de 95 ans.
AFP