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Contrebande et Contrefaçon: des conteneurs de piles contrefaites inondent le marché

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Sur fond de contrebande, la marque « Vinnic » avait durement concurrencé les piles sénégalaises « Hellesens » jusqu’à provoquer la faillite de la Sigelec (Société industrielle de générateurs électriques), l’usine qui les fabriquait. Eh bien, c’est au tour aujourd’hui de cette même marque chinoise « Vinnic » de faire l’objet d’une contrefaçon puisque des conteneurs de piles contrefaites d’une valeur estimée à des centaines de millions de nos francs inondent actuellement le marché sénégalais. Pire pour la marque chinoise, ces piles contrefaites portent des appellations prêtant à confusion avec elle du genre « Vilict » et «Vinnig ». Autrement dit, « Vinnic » subit la loi de l’arroseur arrosé ou du fraudeur fraudé ! Voire du contrefacteur… contrefait. « Le Témoin » a essayé de s’y retrouver dans cette affaire de piles…

Jusqu’au début des années 2000, la Société industrielle de générateurs électriques (Sigelec), appartenant au défunt magnat Idrissa Seydi, fabriquant les piles « Hellesens » tournait à plein régime. Car, ses piles alcalines et salines fraîchement sorties de l’usine se vendaient très bien du fait de leur grande qualité et de leur adaptation à notre climat tropical. Elles étaient utilisées dans les télécommandes, les calculatrices, les horloges, les radiostransistors, les appareils électroniques portables etc. Hélas, la fraude et la contrebande qui se traduisaient notamment par l’importation massive de piles « Royal » et « Vinnic » avaient fini par pousser « Hellesens » à mettre la clé sous le paillasson.

Bien que les piles « Hellesens » étaient « Made In Sénégal », elles n’ont pas pu résister à l’invasion de piles asiatiques des marques « Vinnic » et « Duracell » dont le blindage avait la différence en plus bien sûr de leurs prix plus compétitifs. Normal, puisqu’elles étaient introduites en contrebande ! Mais voilà que l’arroseur « Vinnic » est arrosé et pris à son propre jeu puisque « Le Témoin » quotidien a pu constater ces jours-ci sur le marché que les piles « Vinnic » sont elles-mêmes l’objet d’une contrefaçon. Le marché est en effet inondé de piles imitées de qualité médiocre avec des appellations prêtant à confusion avec « Vinnic » du genre « Vilict », Vinnig » ou « Vinniq ».

Pour apprécier le risque de confusion entre les piles « Vinnic » (les vraies) et Vilict ou « Vinnig » (contrefaites), il faut se rendre dans les boutiques du coin. Sur place, le consommateur peut aisément constater combien ces produits sont identiques (logos, couleurs, étiquettes) au point que les boutiquiers et les consommateurs n’y voient souvent que du feu. A preuve par Alpha Diallo, boutiquier à Sacré-Cœur, disant n’avoir jamais remarqué une différence entre les diverses marques de piles qu’il vend. Pour lui, « Vinnig », « Vilict » et Vinniq » c’est à peu près la même chose ! « Parce que les produits ont tous la même couleur et le même logo et se prononcent de la même façon » se désole-t-il. Tout juste a-t-il pu remarquer que de nombreux clients sont venus se plaindre de l’échauffement des piles dans certains de leurs appareils électroniques.

Sandaga, carrefour des contrebandiers

En menant ses investigations, « Le Témoin » quotidien a appris que, durant les mois d’octobre et novembre 2019, plusieurs conteneurs de piles contrefaites ont été importés par des commerçants de la place. Il y en aurait eu pour des centaines de millions de nos francs. « J’ose à peine parler de milliards puisque le marché des piles rapporte gros compte tenu de la floraison des appareils électroniques au Sénégal et dans le monde » nous confie O. Seck, importateur à Sandaga. Notre interlocuteur reconnait faire partie des plus grands importateurs de ces piles aux marques contrefaites. « La vraie marque « Vinnic », on l’importe de Dubaï. Quant aux piles contrefaites, on les commande en Chine en jouant sur les noms du genre « Vinniq », « Vilict » « Winninc » etc. Même les vraies piles « Duracell » font l’objet d’une contrefaçon sous forme d’autres appellations telles que « Durasell » ou Duranell ».

Et si le marché national est devenu le carrefour de la contrefaçon, c’est parce qu’aucune de ces célèbres marques de piles n’est officiellement représentée au Sénégal pour la distribution et le contrôle » a tenu à préciser notre commerçant de Sandaga. Il est vrai que dans sa feuille de route, le tout nouveau Directeur général des Douanes, le colonel-inspecteur Abdourahmane Dieye, s’est engagé dans la lutte contre la contrefaçon et la fraude. Et surtout la contrebande afin de mieux protéger les industries locales au moment où le président de la République mène une politique de promotion de la préférence nationale.

Malheureusement, cette lutte contre la contrebande semble ne plus concerner les piles. Car Sigelec, qui était la seule société nationale fabriquant des piles (Hellesens) que la Douane protégeait est à l’arrêt voire en faillite. D’ailleurs, c’est ce qui explique la multiplication des importations sauvages et massives de piles contrefaites visant à satisfaire la demande au niveau du marché local. Et dans le lot, la marque « Vinnic » qui subit, à son tour, la loi de l’arroseur arrosé ou du fraudeur fraudé ! Après avoir conduit « Hellesens » à l’abattoir, c’est à son tour de passer à l’échafaud des pirates industriels !

Le Témoin

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