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Lutte contre le coronavirus: Les stéréotypes, un obstacle à la sensibilisation à Tivaouane

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Nombreux sont ceux qui ne croient pas du tout à l’existence de la Covid-19. Ainsi, ils ne mettent le masque que pour éviter les tracasseries des forces de l’ordre et l’enlèvent dès qu’ils s’éloignent de ces agents chargés de veiller au respect de certaines mesures barrières pour stopper la propagation du coronavirus. Un reportage à Tivaouane met l’accent sur les difficultés à sensibiliser les populations sur la meilleure manière d’éviter cette maladie.

Il est 19 heures sur la route de Mboro, aux environs de la perception municipale de Tivaouane. C’est l’heure de la descente pour bon nombre d’ouvriers qui s’activent dans la menuiserie métallique, la mécanique auto ou des vélomoteurs, entre autres activités artisanales. La plupart du temps, ils se font le plaisir de faire un crochet au «Tangana » de Touré. À cette heure, les bancs positionnés autour de la table sont remplis de clients, dont Hamidou. Ils viennent prendre leur dose avant de rentrer chez eux. Le tout dans une ambiance bon enfant où plusieurs sujets de conversation, allant du train-train quotidien de la vie en passant par l’actualité politique et la gestion du coronavirus par les autorités, sont débattus.

Les mesures barrières (port du masque, lavage des mains, rassemblement…) édictées par les pouvoirs publics face à la recrudescence des cas de Covid-19, sont bien comprises au vu des avis émis durant toute la conversation. Entre deux bouchées de pain bourré de spaguetti à la mayonnaise, un apprenti mécanicien, Moustapha Sarr, dit porter son masque tout bonnement « pour échapper aux tracasseries policières parce qu’ils vous font perdre du temps et soutirer de l’argent pour rien ». Il déclare ainsi douter « de l’ampleur que les autorités donnent à la maladie dans le pays au point de nous imposer des mesures barrières pour finir par nous confiner et nous imposer le couvre-feu ».

De l’avis de son voisin de table, Khadim Diop, « au plus fort moment de cette maladie imaginaire, nous nous sommes rendus en masse à Touba pour célébrer le Magal, et au sortir de l’évènement, toutes les prévisions de recrudescence attendues ont été fausses. Et pourtant, tout le monde sait que personne ne pouvait assurer les mesures édictées par le ministère de la Santé dans ce contexte de Magal». C’est pourquoi, il soutient vaquer, depuis lors, tranquillement, à ses occupations, « sans me préoccuper de la maladie. Voici mon masque, je le garde dans ma poche et ne le porte que quand j’aperçois les éléments de la police. Mais, franchement, je ne crois pas que le coronavirus existe ici, comme on veut nous le faire croire », explique-t-il.

Mesures restrictives incompréhensibles

D’ailleurs, pour partager sa conviction, Khadim Diop raconte qu’il a connu quelqu’un qui a été retenu en tant que personne contact avec un cas positif. « Après 21 jours de quarantaine, il a été déclaré guéri. Or, il a juré n’avoir jamais pris de médicaments et passait son temps à regarder la télévision, manger et dormir jusqu’au jour où on lui a fait un prélèvement pour ensuite venir lui dire qu’il peut partir », a-t-il souligné.

Pour lui donc, revenir dire aux populations que les choses risquent de s’empirer si l’on ne respecte pas les mesures barrières est incompréhensible. « Vous voyez, aujourd’hui, les artistes et les sportifs protestent contre les mesures restrictives prises dans leurs secteurs d’activités et qui vont peser sur leurs conditions de vie. Cela veut dire qu’ils doutent des informations distillées sur la maladie », a-t-il lancé.

Par contre, Touré Tangana, le vendeur, est plus prudent. « En tout cas moi, je porte mon masque comme vous le voyez, car de toutes les façons, nous n’avons rien à perdre en nous protégeant, même si par extraordinaire on nous bluffait », a-t-il confié.

Un détour au marché « mango », un endroit où les producteurs viennent vendre aux marchandes des fruits en gros, nous met à la rencontre de clientes qui étaient en train d’acheter des pastèques. Elles étaient cinq et seule l’une d’elles avait porté un masque. Ici, les gens circulent comme si de rien était. Arame Guèye, la vendeuse de pastèques enroule son foulard sur sa bouche et son nez lorsque le sujet a été entamé avec ses clientes. « Mon frère, nous vous demandons pardon, nous veillerons à porter nos masques la prochaine fois », a-t-elle prié. Mais, quand elle a compris avoir affaire à un reporter plutôt qu’à un élément de la police, son visage a retrouvé le sourire. « Franchement, j’ai eu peur », a-t-elle avoué. Selon elle, les gens te disent « as- tu déjà vu un malade du coronavirus depuis que l’on en parle ? Je dis évidemment non et ils me disent de rester zen et de croire en Dieu ».

Devant une telle attitude, Nafissatou Diédhiou, la cliente qui porte un masque lui rétorque : « vous n’êtes pas un spécialiste de la santé, vous vendez des pastèques, je suis là en face de toi parce que je veux des pastèques et c’est la même chose pour quelqu’un qui tombe malade, il se rend dans les structures sanitaires pour se soigner, donc, en tant que vendeuse de pastèques, tu n’es pas habilitée à voir des malades ».

Du côté du terrain de basket, des jeunes filles et garçons jouent sans arrière-pensée. Ici, les spectateurs, venus regarder les entraînements, tout comme les acteurs, le corps dégoulinant de sueur, sont à visage découvert. En attendant son tour pour aller jouer, Sada Ngom déclare n’avoir jamais porté de masque, mais a cessé de serrer la main aux gens.

Mbaye BA

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