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La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a-t-elle vraiment pris une bonne décision en relevant ses taux directeurs ?

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Le Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a décidé, à l’issue de sa réunion tenue le 1er mars 2023, de relever ses taux directeurs. Cette hausse vise à ramener l’inflation dans l’intervalle cible de la Banque centrale (1% à 3%).  Il s’agit, à mon avis, d’une mauvaise décision pour plusieurs raisons :

1- Pendant 4 trimestres successifs et ce depuis juin 2022, la Bceao n’a cessé de relever ses taux directeurs, qui sont passés de 2,25% en juin à 2,50% en septembre, puis 2,75% en décembre avant d’être portés à 3%. Malgré ces hausses, la Bceao n’arrive toujours pas à endiguer l’inflation, qui reste supérieure à 7,0% contre un objectif de 3%.

2- La Bceao, à l’instar des banques centrales mondiales, semble n’avoir toujours pas compris que l’inflation actuelle n’a pas une origine monétaire classique. Elle n’est pas non plus due à une surchauffe. C’est lié à un déficit de l’offre mondiale, à une augmentation du coût du fret maritime et au renchérissement du pétrole et du dollar. Dès lors, les mesures conventionnelles sont contreproductives.

3- La Bceao semble suivre aveuglément les autres banques centrales occidentales, notamment la Bce, qui n’ont pas les mêmes difficultés que notre zone en matière de performance économique et de financement.

4- Les contraintes dans la Zone Franc sont nombreuses. Des économies extraverties, une monnaie forte, qui arrive difficilement à relancer les exportations et qui ne facilite pas l’intégration des zones (Cemac, Uemoa et Comores) ; des pays où l’essentiel du tissu économique, constitué à 90% de Pme et de secteur informel, a peu accès au financement.

5- En lieu et place de relever les taux directeurs, il aurait fallu reformer les goulots d’étranglement qui handicapent des économies extraverties, réfléchir sur d’autres alternatives au financement de l’économie et poser le débat sur les contraintes liées à l’utilisation du F Cfa. Dans cette perspective, il s’agira de mettre en œuvre, vu que le poids du secteur informel est très important et échappe souvent aux objectifs de quantification monétaire, une politique d’assouplissement quantitative. Celle-ci se traduirait par des solutions temporaires de planche à billets et des stratégies de rachat d’actifs, notamment de créance et d’obligations des banques.

6- La Bceao gagnerait à changer sa philosophie d’action en réinterrogeant le dogme de Milton Friedman sur l’inflation.

7- Elle devrait avoir une mission de plein-emploi qui pourrait se traduire par un appui direct aux Etats et aux acteurs économiques dans des projets structurants, notamment agricoles et industriels, en utilisant une partie de ses réserves pour financer temporairement des mesures de survie et de croissance.
Magaye GAYE 
Economiste International

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