Le climat de tension, qui gagne le pays à l’approche de la Présidentielle, incite le maire de Karantaba et président du Conseil de surveillance de l’Anamao à inviter l’Etat à assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens. Fossar Souané estime qu’il n’y a pas de prisonnier politique au Sénégal et fustige l’attitude violente de certains leaders de l’opposition, qui ne sont mus, à ses yeux, que par la volonté de faire régner un climat de terreur dans le pays. L’édile de Karantaba appelle aussi ses camarades de Benno à promouvoir les réalisations du Président Macky Sall dans le Pakao et à se rassembler afin de reconquérir les zones perdues dans la région de Sédhiou, lors des dernières Législatives.
L’opposition compte manifester durant deux jours. Quelle est votre appréciation de cette démarche ?
Nous sommes dans un pays où les libertés sont consacrées par la Constitution, les lois et les règlements. Si l’opposition se conforme à cela, il n’y aura pas de problème. Tant que la manifestation est contrôlée et que cela se fasse sans violence, il n’y a pas de problème.
Maintenant, nous sommes face à une opposition qui est caractérisée par la violence, par un discours vindicatif, populiste, pour certains, «goebbelien». Ils ne sont pas tous comme cela, mais il y a certains qui tirent la troupe. Les Sénégalais rejettent cette violence aussi bien verbale que physique. Et, à cet effet, l’Etat a la responsabilité d’assurer aux citoyens la possibilité de vaquer normalement à leurs occupations sans que cela puisse être entravé par une activité politique.
L’opposition a tendance à chercher du buzz. Pire, certains cherchent même à faire interdire leur manifestation afin d’avoir une occasion de créer des soulèvements violents. Or la finalité de la démocratie, la finalité de toute action militante, c’est d’aller vers des élections, voter paisiblement comme cela a toujours été le cas dans l’histoire politique du Sénégal.
De plus en plus, le non-respect des libertés par le gouvernement est dénoncé avec les nombreux emprisonnements. Est-ce que vous pensez que l’option de la prison est une bonne approche ?
Le plus important à retenir, c’est qu’il n’y a pas de détenu politique au Sénégal. Tout citoyen, qui est poursuivi, l’est selon les lois du pays. Personne n’est poursuivi ex nihilo. Si c’est le cas, c’est parce qu’on estime que vous avez commis un délit. Maintenant, c’est aux juridictions nationales de déterminer si les faits qui vous sont imputés sont avérés ou pas.
Dans ce pays, nous avons vu des politiques, des chroniqueurs, politiciens encagoulés qui, pour du buzz politique ou pour du buzz médiatique, se permettent de jeter l’anathème sur d’honnêtes citoyens ou sur les institutions de la République. Et cela est extrêmement grave. Et, à ce propos, lorsque vous faites une déclaration et pensez détenir la vérité, cela ne poserait pas un problème de présenter vos preuves, car tous les citoyens sont d’égale dignité.
Quelle attitude devrait-on attendre de la part du pouvoir devant cette situation de tension qui prévaut au Sénégal ?
De faire respecter la loi. Et c’est ce qu’on attend d’un Etat parce que, sans le respect de la loi, c’est l’anarchie, première chose. Et la deuxième chose, c’est de sécuriser les citoyens, leurs biens mais également leur intégrité physique. Et enfin qu’on puisse organiser une élection présidentielle apaisée. Pour rappel, le président de la République a déjà fixé la date de l’élection et a donné des instructions lors du dernier Conseil des ministres au gouvernement de s’atteler à organiser de manière inclusive tout le processus électoral afin d’arriver à une élection apaisée. Nous avons déjà cette tradition de démocratie, le Sénégal est une démocratie dynamique et avancée.
Le patron de Benno bokk yaakaar s’est plaint de la défaite de son camp aux dernières élections législatives dans la région de Sédhiou lors de sa tournée économique. Quelle approche comptez-vous adopter pour redresser la barre et renouer avec les succès électoraux ?
Oui, le Président a souligné que le problème fondamental était interne. J’avais indiqué aux émissaires envoyés que nous sortions d’élections locales très disputées et surtout où il y avait beaucoup de listes parallèles dans le Benno et qu’il faudrait très rapidement, puisque le temps était court entre les élections locales et celles législatives, que l’on puisse panser les plaies des élections locales afin d’aller vers la réconciliation. Il faut aussi que le sommet de la coalition fasse attention également à ceux qui leur font croire que tout va bien dans leur zone alors qu’ils chancellent à gagner chez eux, à cause de divisions.
Mais ce n’est pas valable partout. Je prends l’exemple de ma commune, Karantaba, où nous avons mobilisé l’ensemble des acteurs de la majorité présidentielle, cela nous a permis de sortir les meilleurs résultats de Benno de toute la région de Sedhiou. Nous avons devancé Yewwi de plus de mille voix. Ce qui était le meilleur résultat de Benno de toute la région de Sédhiou.
Le Président a beaucoup fait et il reste encore beaucoup à faire. Pour preuve, il n’y a jamais eu autant d’investissements en Casamance que sous la gouvernance du Président Macky Sall, permettant de ramener par ailleurs la paix. C’est la raison pour laquelle nous devons rassembler nos forces pour aller vers les citoyens afin de les convaincre de la pertinence du travail qu’il est en train d’accomplir.
Après la tournée économique du président de la République, quelles sont les perspectives économiques de la région de Sédhiou, au-delà de plusieurs milliards de francs annoncés pour le Pakao pour les prochaines années ?
Il faut rappeler qu’avant l’annonce des 400 milliards, il y a d’abord pour le premier conseil qui était tenu, que les engagements ont été dépassés. Lorsque vous venez à Sédhiou, vous sentez qu’il y a un changement. Vous savez, nous venons de très loin. La création de la région date de 2008, mais, elle avait été délaissée pendant plusieurs décennies. Il se trouve que le Président Macky Sall a investi énormément dans la région. Bien entendu, il y a un petit déséquilibre, surtout vis-à-vis du département de Goudomp. Et ce conseil-là (Ndlr : le dernier Conseil des ministres décentralisé tenu à Sédhiou) qui vient de se tenir dernièrement, a permis de corriger ce déséquilibre. Nous sommes un département très enclavé. Et le Président a pris l’heureuse décision de la construction du Pont de Témento, qui reliera le département de Goudomp au reste de la région de Sédhiou.
Concernant le Pakao, le Birassou, un peu du Fouladou, cette partie du département de Goudomp va bénéficier de la construction de la Boucle du Pakao, qui est une infrastructure extrêmement importante pour le développement socioéconomique de cette zone-là, étant entendu que le barrage de Cheikh Aliou Souané également sera totalement refait. Mais nous nous en réjouissons, parce que nous sommes une zone qui, au-delà de la production agricole qui est importante, est une zone religieuse où le tourisme religieux est extrêmement important. C’est le lieu de remercier le président de la République, de l’heureuse décision de faire l’extension de la grande mosquée de Karantaba, qui est un patrimoine historique, étant la plus vieille mosquée du Sénégal. Nous nous réjouissons ainsi de toutes les autres infrastructures agricoles, hydro-agricoles également, qui vont être lancées dans le département de Goudomp. A cela s’ajoute une augmentation prochaine du nombre de villages à électrifier. Donc que d’espoirs, puisque nous avons vu ce qui a été fait dans la première phase et ça nous rassure. Et notre ambition, c’est d’être une région émergente, une région agricole et industrielle nourrissant la population de la région, mais également le reste du pays.
Maire de Karantaba. Vous êtes confronté à la gestion du foncier. Quel est l’état des lieux depuis votre prise de fonction ?
Oui, nous sommes en train de faire l’audit du foncier. Nous avons trouvé une situation compliquée. La question foncière est assez complexe dans ce pays. Nous travaillerons sur deux points : la mise en place du plan d’occupation, d’aménagement des sols et, un peu plus tard, avec l’Anat, travailler sur le schéma d’aménagement qui nous permettra de délimiter les zones d’habitat, les zones agricoles, les zones industrielles, mais également les zones de pâturage qui sont un gros problème par ici. Nous savons la difficulté qu’il y a entre les éleveurs et les agriculteurs au sein d’un même village, créant de vives tensions. Ce qui décourage beaucoup d’agriculteurs, puisqu’ils risquent de grosses pertes de leurs cultures. C’est une tâche ardue. Mais le défi peut être relevé.
Propos recueillis par Mamadou T. DATTA mdiatta@lequotidien.sn