Hier, les patriotes avaient planifié des marches en banlieue. Celle de Keur Massar sera interdite par le Préfet pour divers motifs dont celui de trouble à l’ordre public. Par contre Guédiawaye et Pikine ont été autorisés à marcher.
Des marches prises au sérieux par les Forces de l’ordre qui ont très tôt pris d’assaut les départements avec des engins blindés et une forte présence des éléments du Gmi, renforcés par la police locale. A Guédiawaye, le départ était prévu au rond-point Pai. A 15h, les policiers étaient sur place, prêts à faire face à toute éventualité. Les flics feront comprendre aux dirigeants de bien respecter le timing prévu. Ainsi, le groupe de marcheurs va sillonner Pai, le centre sauvegarde, puis le rond-point Canada, avant de prendre la route allant vers le Stade Amadou Barry, pour finir à la Préfecture de Guédiawaye. Au cours de cette marche, on a noté la présence du maire de la ville de Guédiawaye, Ahmed Aïdara, la députée Ramatoulaye Bodian, Khadija Mahécor Diouf, maire de la commune de Golf-Sud, la députée de la diaspora Aïcha Touré, qui est de Guédiawaye, Mor Diaw du Grand parti, et Moctar Gassama, coordonnateur du parti Pastef au niveau de la commune de Médina Gounass.
Ahmed Aïdara défie les Forces de l’ordre
C’est Ahmed Aïdara qui va prendre le micro pour parler au nom du département, et dans ses propos parler du chef de l’Etat. «C’est fini, nous n’allons plus lui dire de respecter la Constitution. Voilà une personne qui n’a jamais respecté la Charte fondamentale, il l’a toujours violée. Ce que nous demandons au Peuple sénégalais, c’est de se tenir prêt. Debout comme un seul homme, et je vous dis que ce combat n’est pas un combat de Ousmane Sonko. C’est un combat du Peuple et nous devrons nous dresser contre cette dictature qui n’est plus rampante, mais qui est debout en face de nous, prête à nous croquer, comme le disait son fameux directeur de Cabinet Mahmoud Saleh.» Il en a profité pour s’adresser aux Forces de l’ordre. «Qu’ils sachent qu’ils ne sont pas nos ennemis. Ils doivent faire leur job, nous avons besoin d’une police, d’une gendarmerie et d’une Armée républicaines.» Toutefois, le maire de Guédiawaye prévient les Forces de l’ordre que «s’ils ne le font pas, nous ferons face». M. Aïdara n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur les responsables de l’Apr au niveau du département. Il les a qualifiés de peureux et de nervis de salon. A Pikine, l’un des plus vieux départements de la banlieue, avait été autorisée une marche des patriotes. Ces responsables de l’opposition ont au moins sauvé l’honneur à travers une mobilisation des troupes plus faible que celle de Guédiawaye. Le point de regroupement était à Bountou Pikine. Sous l’escorte de la police armée de gaz lacrymogène, les militants ont marché jusqu’à Icotaf, où ils ont eu quelques minutes pour faire une déclaration. Les artères du marché Chavanel étaient très animées par cette foule, sensibilisée par le programme de Sonko. C’est Mohamadou Mactar Dia, responsable au niveau de la commune de Mbao pour le compte du parti Pastef, qui va parler au nom de l’opposition : «Vous avez vu, nous avons marché sans porter préjudice à personne. Et nous démontrons encore notre soutien total à Ousmane Sonko. Parce que ce qui s’est passé chez lui est inadmissible. On le prend en otage toute une journée, lui et sa famille. Je me demande dans quel pays sommes-nous. Nous ne sommes pas des moutons pour aller occuper les prisons.»
Keur Massar : Les Patriotes mettent le feu à la station d’essence
Interdits de marche, les Patriotes se sont tout bonnement rendus à la station d’essence pour y mettre le feu, et ce fut un signal fort pour se faire entendre. Heureusement que le feu a été très vite maîtrisé avant que l’irréparable ne se produise. D’ailleurs, une pompe a été endommagée par le feu, et les vandales ont disparu dans la nature. «Ils ont voulu faire des saccages pour une marche non autorisée. Heureusement que la police est intervenue», renseigne Ousmane Bèye, témoin oculaire des faits. Ces pratiques ont poussé la gendarmerie à assiéger certains coins du département de Keur Massar.
Par Abdou Latif MANSARAY – latifmansaray@lequotidien.sn