L’appel de Ousmane Sonko à ses partisans de se rassembler autour de son domicile hier a fait long feu face à la détermination des Forces de l’ordre à écarter tout élément pouvant empêcher le leader de Pastef de se rendre à son procès ce matin, pour répondre du délit de diffamation.
Par Alpha SYLLA – Keur Gorgui est connu depuis mars 2021 pour les grands rassemblements des partisans de Ousmane Sonko, résident du quartier. Hier, avec le blocus du domicile du leader du parti Pastef par les Forces de l’ordre, ses partisans ont appelé leurs militants et sympathisants à se rassembler autour de son domicile. Malheureusement pour eux, les Forces de l’ordre ont voulu éviter toute situation qui compromettrait la comparution du leader de Pastef/les Patriotes au Tribunal ce matin. L’histoire a montré que les journées où Ousmane Sonko doit se rendre au Tribunal ont été souvent émaillées d’incidents, parfois violents, entre Patriotes et Forces de défenses et de sécurité. Or, on sait que le procès devant opposer Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang pour diffamation, a été prévu pour ce matin. Pour éviter tout attroupement pouvant occasionner des débordements, et compromettre la sécurité des riverains, les Forces de défense et de sécurité semblaient avoir pris les devants. Au rond-point à hauteur de la Sonatel, un important dispositif de sécurité était mis en place. Le chemin menant au domicile du maire de Ziguinchor depuis la Vdn, était noir de policiers montés sur des blindés et pickups pour certains, se baladant dans le coin pour d’autres. Les voitures et les passants étaient scrutés, et minutieusement, pour éviter les infiltrations.
Birame Soulèye Diop rebrousse chemin
Toutes les artères menant chez le leader du parti Pastef étaient barricadées. Les rues ne semblaient occupées que par des policiers et gendarmes qui empêchaient tout accès de Patriotes au domicile de Sonko. Le moindre geste suspect n’échappe pas à la vigilance des limiers. «Ce matin, Birame Soulèye Diop était venu. Il était déguisé en casquette. Au début, il a trompé la vigilance des premiers policiers qu’il a rencontrés. Mais après quelques pas de marche, il a été reconnu. Il était obligé de rebrousser chemin», témoigne Yaya, un étudiant résidant à la Cité Keur Gorgui. Kalidou, son colocataire, tentera de retracer le film des brefs affrontements opposant les Patriotes aux Forces de l’ordre dans l’après-midi. «Les gens de Pastef ont trouvé une astuce assez maligne. Ils sont venus un par un. Un gars est passé ici nous demander ce qu’on attend, parce qu’il est l’heure. On ne comprenait pas le projet. Même les policiers ne s’en sont rendu compte que bien après. Les partisans de Sonko étaient déjà nombreux ici.» Ainsi, pour disperser les manifestants, les Forces de l’ordre étaient obligées de faire usage de gaz lacrymogènes. «Même des journalistes qui étaient là avaient subi les dégâts», explique-t-il.
Pour rappel, Mame Mbaye Niang reproche à Ousmane Sonko d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport de l’Ige (Inspection générale d’Etat) pour sa gestion d’un fonds de 29 milliards du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac). Déclaration que le ministre du Tourisme et des loisirs juge diffamatoire. Ousmane Sonko avait appelé ses sympathisants à marcher hier, à travers le pays. Si à l’intérieur du pays ces manifestations étaient autorisées, ce n’était pas le cas à Dakar, ce qui a conduit à de petites échauffourées très sporadiques.