Dans les départements de Podor et Matam, ce ne sont pas les rappeurs qui manquent. Et le rap est devenu le genre musical le plus répandu dans les villes et villages du Fouta. A côté du grand nombre de jeunes rappeurs au Fouta, il y a des slameurs qui émergent et travaillent à étendre leur art et agrandir leur rang.
Par Demba NIANG – Au Nord du pays (département de Podor et Matam), le slam n’a pas encore atteint la dimension du rap. Une fracture que Double Servo (Podor), Fada from Fouta (Lougué), Oncle Sam (Thilogne) et les autres slameurs du Fouta tentent de réduire. Les trois slameurs du Fouta les plus en vue ont tous une histoire avec le rap. Un art par lequel ils sont passés pour arriver au slam pour ne plus le quitter. Les deux slameurs de Podor ont commencé leur carrière en tant que rappeurs. Double Servo y fait ses premiers pas en 1997. Adama Sy à l’état civil indique : «J’ai commencé à lever le pied sur le rap en 2005, quand j’ai commencé à enseigner pour faire du slam à plein temps.» Et c’est le slam qui a permis au slameur de la ville de Podor de représenter le département dans plusieurs festivals à l’intérieur du pays, comme les festivals de slam poésie de Foundiougne, festivals de Tamba, Kédougou et Saint-Louis. Le slameur Double Servo a eu à jouer dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest mais aussi en France, en Belgique, au Canada et en Guyane.
Quant à Moussa Mbaye alias Fada from Fouta, sa carrière de rappeur commence en 2003. Mais cinq ans après, ses scènes sont partagées entre le rap et le slam, et il finit par se définir comme rappeur-slameur. «Le virus du slam m’a vaincu à travers les séances de formation de Matador et Boudor au siège de AfriculturUrban», déclare celui qui se considère comme le porte-parole des «Foutankés du Fouta». Depuis dix ans maintenant, le slam l’emporte considérablement sur le rap chez Fada from Fouta. Et c’est comme tel qu’il a été repéré par Baba Maal, Abou Thiam Ngari Laaw et d’autres chanteurs originaires qui le convient fréquemment à leur concert pour les premières parties.
Pour avoir été la révélation du slam de cette année dans la région de Matam, Oncle Sam a bien été bercé dans le milieu hip-hop dans son Thilogne natal. Amadou Sam a grandi dans la culture hip-hop et son succès à la finale de slam et poésie de Matam, il le doit à un entourage très ancré dans le rap.
Les trois slameurs, qui ont fait les beaux jours du rap au Fouta, installent petit à petit leur art oratoire. A Thilogne, Oncle Sam est occupé à des ateliers d’écriture hebdomadaires dans les collèges et lycées de la ville et dans les localités environnantes. Ainsi, les collégiens et lycéens commencent à prendre goût au slam. Dans le département de Podor, Double Servo et Fada from Fouta sont aussi connus pour les événements spécialement dédiés au slam annuellement.
Le slam inscrit dans le calendrier culturel de Podor
Parmi les événements culturels annuels du département de Podor, il y a bien les festivals Slam Legend et Fada Slam. Le festival Slam Legend, qui en sera à sa 6ème édition au mois de juillet prochain, est devenu un rendez-vous des slameurs du département et du Sénégal. A la dernière édition, Double Servo avait organisé des séances d’écriture en faveur des élèves des villes de Podor et Ndioum. L’événement slam de Fada from Fouta est, lui, dédié à une cause sociale. La dernière édition était spécialement organisée pour les talibés avec la dénomination «Fada Slam wallu almudo» pour appuyer des daaras de la commune de Mbolo Birane en tablettes. Lors du festival Fada Slam, la journée est entièrement réservée à des ateliers d’écriture et d’initiation des jeunes au slam.
Au Fouta, les slameurs de renommée comme Double Servo, Fada from Fouta et Oncle Sam, à travers les festivals et les nombreux ateliers d’écriture qu’ils organisent, sont en train de faire gagner du terrain à cet art oratoire qui était jusque-là méconnu des Foutankés. Dans quelques années, ils espèrent concurrencer les artistes rappeurs en termes de notoriété et d’événements.
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