La justice sénégalaise a enclenché ce vendredi une procédure inédite sur les violences politiques qui ont secoué le pays entre 2021 et 2024 et causé la mort d’au moins 80 personnes. L’enquête, confiée à la Division des investigations criminelles (DIC) et à la Section de recherches (SR) de la gendarmerie, vise des faits graves : « meurtres, actes de torture, assassinats et crimes contre l’humanité ».
Les premières convocations ont été envoyées. Pape Abdoulaye Touré, fondateur de l’Initiative Zéro Punitè (IZI) et coordonnateur du mouvement Sénégal Notre Priorité (SNP) figure en première position sur la liste des auditions. Lui-même se présente comme victime de tortures et sera auditionné ce vendredi par la SR de Colobane. Son audition revêt une forte charge symbolique : il avait été l’un des premiers à interpeller, par une lettre ouverte, l’ex-ministre de la Justice Ousmane Diagne pour exiger la reconnaissance des victimes.
Du côté de la DIC, d’autres proches de victimes sont convoqués, notamment Abdoulaye Wade, frère de Cheikh Wade abattu aux Parcelles Assainies, et Binta Bâ, mère d’Alassane Barry, un adolescent de 12 à 15 ans tué en mars 2021 sur les Allées du Centenaire.
La société civile s’organise également. Amnesty International a annoncé que ses avocats accompagneraient les familles dans cette bataille judiciaire. « Depuis 2021, nous avons préparé ce moment afin que chaque victime ou proche puisse être représenté devant la justice », a expliqué son directeur exécutif au Sénégal, Seydi Gassama.
Cette procédure est pilotée par le procureur de la République de Dakar, Ibrahima Ndoye, à la suite d’une saisine de l’ancien ministre de la Justice Ousmane Diagne. Elle devra établir les responsabilités dans cette page sombre de l’histoire récente du Sénégal.
