Home Actualités Affluence au pèlerinage : Le Daaka ferme les écoles à Médina Gounass – Lequotidien

Affluence au pèlerinage : Le Daaka ferme les écoles à Médina Gounass – Lequotidien

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Affluence au pèlerinage : Le Daaka ferme les écoles à Médina Gounass – Lequotidien

Avec le Daaka, qui se poursuit encore, les établissements scolaires sonnent creux à cause du déplacement des élèves au niveau du lieu de dévotion. Les autorités scolaires sont impuissantes face à cette situation et certaines ont décidé de vaquer les cours le temps de l’évènement religieux.

Par Abdoulaye KAMARA – La ville de Médina Gounass ne possède pas d’école publique. Toutefois, dans la commune, se trouvent 8 écoles élémentaires et un Collège d’enseignement moyen (Cem) depuis cette année scolaire. Avec l’avènement du Daaka, ces écoles tournent toutes au ralenti, si elles n’ont pas fermé tout bonnement.
C’est le constat fait par le chef du Collectif des directeurs d’écoles élémentaires de la commune. Mamassamba Diao, par ailleurs directeur de l’école élémentaire du village de Barkatou, renseigne : «Nous enseignants, nous nous présentons tous les jours dans nos écoles, mais force est de constater qu’il arrive qu’elles ne reçoivent pas un seul élève. Aujourd’hui, jeudi, dans mon établissement, pour un effectif total de 224 pour 6 cours, les élèves présents étaient au nombre de 128. Plus de 100 élèves de ce village sont allés au Daaka, en toute ignorance des directives et menaces proférées par mes soins. Mieux, j’ai sensibilisé les parents sur cette situation qui se répète tous les ans.» Même constat dans le village de Témento Gounass, qui abrite l’école élémentaire la plus proche de la cité religieuse. Son directeur, Moussa Baldé, confirme : «Aujourd’hui (jeudi), seule la classe de CM2 a fonctionné, avec quelques absents toutefois.

Une classe de 29 élèves. L’effectif de l’école est de 454 élèves. La particularité de cette école, c’est que le plus gros contingent d’élèves vient de la ville de Gounass. Ils venaient souvent en voiture, à moto ou à vélo. Tous ces moyens de locomotion servent actuellement à transporter des pèlerins vers le Daaka ou leurs propriétaires sont au Daaka. Les élèves qui ne sont pas au Daaka ne trouvent pas de moyens de déplacement. Les enseignants, quant à eux, se présentent tous les jours.»

Idem pour l’école élémentaire du village de Sankoulé. Le directeur de l’établissement, Yaya Baldé, note : «L’école a un effectif total de 119 élèves pour 6 cours dont des classes à cours multiples. Nous sommes 3 enseignants. Ce jeudi, l’effectif présent pour toutes les classes fait 54 élèves. Tout le reste des élèves sont allés au Daaka.» C’est le cas aussi au Cem du village de Témento Gounass. Le Principal, Mamour Ndiaye, enchaîne : «Lundi, il y a eu cours avec quelques élèves. Mais depuis mardi, nous n’avons vu aucun élève, mercredi aussi. Nous en avons informé l’Inspecteur de l’éducation. Nous avons décidé de suspendre les cours le temps du Daaka, après on trouvera, avec l’équipe pédagogique, un créneau horaire pour compenser les heures perdues.»

Cours suspendus
Ces élèves se rendent au Daaka, pas pour des activités de dévotion, mais pour se faire de l’argent. Ils y effectuent des travaux ménagers (lavage de la vaisselle pour les gargotiers, recherche de l’eau) et le petit commerce pour le compte de tiers. «Cela leur fait une somme d’argent plus ou moins importante qui leur sert à se payer des habits à la fin de l’événement pour préparer la Korité ou la prochaine fête de Tabaski», révèle Moustapha Baldé, enseignant, ayant servi dans la zone il y a quelques années. Il se rappelle : «Il y eut une période où le sous-préfet de Bonconto sortait une circulaire suspendant les cours dans tout l’arrondissement le temps du Daaka. En contrepartie, les enseignants et les élèves ne prenaient pas de congé de Pâques. Avec la situation de cette année, les élèves risquent de perdre 10 jours de cours pour cause de Daaka et 10 autres à l’occasion des congés de Pâques.» Pour Mamassamba Diao, président du Collectif des chefs d’établissements de la zone, «les enfants n’ont rien à faire au Daaka. Les parents feraient mieux de les obliger à rester en classe plutôt que d’aller se faire quelques sous qui ne sont rien par rapport à leur avenir». C’est une façon de sensibiliser les parents d’élèves…
akamara@lequotidien.sn

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