Home À la une Droit cuissage, fortune, oppression… : Les excès du roi d’Eswatini

Droit cuissage, fortune, oppression… : Les excès du roi d’Eswatini

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Droit cuissage, fortune, oppression… : Les excès du roi d’Eswatini

Le roi d’Eswatini (ex-Swaziland) en visite officielle de 48 heures au Sénégal est un souverain hors du commun. L’hôte du Président Macky Sall est considéré comme le dernier monarque absolu au monde. Depuis 1986, le roi Mswati III trône fièrement à la tête de cette ancienne colonie britannique, étalée sur 17 363 km2, nichée entre le Mozambique et l’Afrique du Sud.

Au royaume d’Eswatini, on ne badine pas avec la coutume. Tout tourne autour du roi Mswati III, gardien du temple. Pagnes traditionnels pour couvrir une partie du corps, accessoires royaux en appoint, son déguisement ne passe jamais inaperçu. A l’occasion des cérémonies traditionnelles, le souverain Mswati III se fait souvent entourer de ses 14 épouses.

Quatorze femmes !? Le nombre peut intriguer, voire choquer. Mais rien de scandaleux pour qui connait l’immensité des privilèges que confère la tradition au roi d’Eswatini. Et Mswati est un « etit joueur » devant son père, le roi Sobhuza, qui aurait eu près de 120 femmes et 600 enfants.

90 000 jeunes filles, 117 milliards
Chaque année en Eswatini, se tient la grande manifestation dénommée « la danse des roseaux ». Ce rendez-vous incontournable de l’agenda du royaume a vu la participation de pas moins de 90 000 dames en 2010. Des filles vierges pavanent superbement devant le monarque, couvrant à peine leurs parties intimes. Si elles s’exhibent de la sorte, c’est pour séduire le Roi, qui peut, tous les ans, avoir une nouvelle épouse, s’il le souhaite.

En plus de ces grâces, sa position lui confère un droit de cuissage sur toutes les filles du pays. Elles n’ont pas le droit de dire non au Roi.

Les privilèges de l’invité de Macky Sall ne sont pas que charnels. Ils sont aussi sonnants et trébuchants. En 2013, la fortune personnelle du Roi était estimée à 200 millions de dollars (plus de 117 milliards de francs Cfa). Un an plus tôt, il s’était offert un jet privé pour fêter son anniversaire.

Pendant ce temps, 70% des foyers d’Eswatini, vivent sous le seuil de la pauvreté, avec moins d’un dollar (588 francs Cfa) par jour. Et dire que le Royaume est riche en ressources naturelles.

Cette pauvreté est exacerbée par une forte prévalence du Vih Sida. En Eswatini, en effet, 25% à 40% des adultes sont séropositifs. C’est le taux le plus élevé au monde. Chez les femmes enceintes, le taux de prévalence de la maladie avoisine les 40%. Sans traitement adéquat, 25% à 40% des enfants nés de mères séropositives sont affectés.

Misères de l’opposition
Sur le plan politique, aucune position différente à celle du Roi n’est admise. Les partis politiques y sont interdits et c’est mentionné dans la Constitution révisée de 2006.

Mario Masuku, fondateur du Mouvement démocratique unifié du peuple (PUDEMO), est considéré comme le porte-étendard de l’opposition. Laquelle est obligée de tenir ses manifestations en Afrique du Sud voisine, pour être à l’abri des représailles de la police royale swazie.

« C’est vraiment pathétique, s’insurgeait, sur France 24, Sipasha Dlamini, secrétaire générale de la principale formation politique. On est citoyen avant tout ou non ? En tout cas, on est supposé l’être. Et pourtant, on est obligé d’aller à l’étranger pour se rencontrer. C’est vraiment absurde. »

En Eswatini, tout ce qui touche au roi, est considéré comme une affaire d’Etat. « L’Etat, c’est le Roi », « le Roi, c’est l’Etat ». Il jouit d’une immunité absolue. La Cour suprême ne peut traiter une affaire en lien avec le monarque.

Ce dernier nomme et révoque le gouvernement. Il peut mettre son veto à toutes les lois, et n’est pas responsable devant la justice. En un mot, Mswati III n’a de compte à rendre à personne. Ce qui fait que Mario Masuku et ses partisans ont peu de chance d’exister.

Toutefois, ils restent optimistes et déterminés. « Nous sommes toujours prêts à nous asseoir pour un dialogue constructif, pour un meilleur Swaziland (Eswatini), tempère le leader du Pudemo. Mais s’il (le Roi) nous pousse à la guerre, nous finirons par nous défendre. Il y a un moment où, le peuple dit : trop c’est trop. »
seneweb

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