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Grande mosquée de Goudomp: Deux imams pour un minbar

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Grande mosquée de Goudomp: Deux imams pour un minbar

À la grande mosquée de Goudomp, deux dignitaires religieux se disputent l’imamat depuis le décès du titulaire au poste ; chacun, soutenu par son camp, se déclarant plus légitime que l’autre.

Des religieux qui se disputent l’imamat, il y en a un peu partout au Sénégal. La grande mosquée de la commune de Goudomp ne déroge pas à cette « règle ». Deux hommes se sont autoproclamés imams. Pendant les prières de vendredi et de fêtes religieuses, la Korité et la Tabaski, les deux imams alternent. Une situation qui dure depuis plusieurs années sans qu’aucune solution ne soit trouvée. Les deux camps en sont arrivés à ce compromis grâce au défunt maire de la commune, Abdoulaye Bosco Sadio. L’un est le fils de l’ancien imam Chérif Ibrahima Aïdara, remplacé par Sadio Mané, aujourd’hui décédé. L’autre imam, du nom d’Ibrahima Solo Cissé, tire sa légitimité du soutien des vieux du village qui ne reconnaissent pas son « rival ».
Le premier imam Yankhoba Aïdara, la soixantaine entamée, nous accueille dans sa grande concession où se dresse une petite mosquée destinée aux prières des « jours ordinaires ». Vêtu d’une djellaba beige marron, égrenant son chapelet tout en psalmodiant quelques versets à voix basse, l’imam Yankhoba retrace l’histoire de la mosquée avec son défunt père pour convaincre de sa légitimité. « C’est mon père Chérif Ibrahima Aïdara qui était l’imam ratib de la grande mosquée de Goudomp. Après plusieurs années, il a pris un autre de son entourage, habitant de Goudomp, pour le seconder. Car, il ne pouvait plus diriger régulièrement la prière à cause du poids de l’âge. On lui a alors proposé le vieux Sadio Mané. Après son décès, ce dernier a été élevé au rang d’imam principal », a rappelé imam Yankhoba Aïdara choisi comme second du nouvel imam à la demande de ce dernier.
À l’en croire, il a cédé devant l’insistance de Sadio Mané, par le biais d’un des sages de Goudomp du nom de Solo Sonko. Il finit par accepter le « poste ». Après plusieurs années de compagnonnage, Sadio Mané ne tenait plus et Yankhoba assurait la relève. Avant le rappel à Dieu de l’imam ratib qui avait pris le soin de lui demander de se choisir un suppléant, il accorde sa préférence à celui qui deviendra son principal rival, Ibrahima Solo Cissé. « L’imam Sadio Mané m’avait pourtant déconseillé de le choisir. C’est comme s’il l’avait pressenti. Car, un jour, l’imam Sadio Mané avait appelé Ibrahima Solo Cissé pour le seconder. Mais il avait refusé en arguant qu’il n’avait pas de temps à cause de son commerce. C’est ainsi que Sadio Mané s’est tourné vers moi et j’ai accepté », a-t-il confié.
Camp de la discorde
Après le décès de l’imam Mané, Yankhoba Aïdara dirigeait les prières. Mais cela n’a été qu’un cours temps, avant que les soutiens d’Ibrahima Solo Cissé ne viennent semer la discorde. « Je dirigeais les prières du vendredi et des fêtes religieuses. Après le décès de Sadio Mané, il se proclame, lui aussi, imam ratib de la grande mosquée. Le préfet de l’époque et feu le maire Abdoulaye Bosco étaient intervenus pour régler le problème. Le maire avait alors demandé qu’il y ait deux imams pour ne pas créer des problèmes », a-t-il dit, la désolation se lisant dans ses yeux.
Ibrahima Solo Cissé, ravagé par le poids de l’âge, donne une autre version, affirmant avoir été librement choisi par les sages de Goudomp. « Lorsque l’imam Sadio Mané est décédé, les sages du village m’ont choisi pour lui succéder. Au moins 70 personnes ont signé le procès-verbal me désignant. Certes, Yankhoba était le suppléant du défunt imam pendant longtemps, mais les vieux ont refusé qu’il le remplace. Au départ, le président des imams et oulémas, Souleymane Guèye, avait porté son choix sur le fils de l’ancien imam Chérif Aïdara. Les sages ont refusé et m’ont imposé », explique Ibrahima Solo Cissé. Face à ce quiproquo et pour éviter tout conflit, le préfet coupe la poire en deux : les deux imams vont se relayer sur le minbar. « Ce que nous avons accepté pour éviter les histoires », précise-t-il.
Le président des imams et oulémas du département de Goudomp, Souleymane Guèye, estime que le poste devait revenir au premier cité, à savoir Yankhoba Aïdara. Selon l’actuel Préfet du département de Goudomp, Ibrahima Fall, le compromis qu’il a trouvé continue de prévaloir en attendant un règlement définitif.
lesoleil.sn

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