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Grippe aviaire dans les Niayes : l’épidémie persiste

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Après avoir déclaré les parcs de Djoudj, de la Langue de Barbarie et du Parc Ornithologie, Khalissagne dans le Sédhiou, atteints par la grippe aviaire, des poulaillers de la zone de Niacoulrab, Tivaoune Peulh, Sangalkham entre autres, sont également touchés par l’épizootie c’est-à-dire l’épidémie de grippe aviaire. Les aviculteurs de ces localités des Niayes ont enregistré de nombreuses pertes de leurs volailles. A cela, s’ajoute la rupture des antibiotiques dans les cabinets vétérinaires.

«Tous les poulaillers qui sont dans cette zone sont atteints par la maladie de grippe aviaire. Les poules présentent des symptômes de virus. Même celles qui ne présentent aucun signe, portent le virus de la maladie.» C’est le Docteur vétérinaire, Yancouba Ndoye, qui explique ainsi la présence de la grippe aviaire dans plusieurs localités des Niayes, situées dans l’arrondissement de Sangalkam, département de Rufisque. Selon lui, les signes de la grippe aviaire se manifestent par des enflures au niveau de la tête, des troubles respiratoires, les plumes hérissées et une diminution des performances de ponte. Docteur Ndoye prévient qu’«il n’existe pas de traitement pour soigner ces poules, mais un vaccin préventif».  

Contrairement aux déclarations faites par les Services de l’élevage, relayées par la presse, «la situation n’est pas maîtrisée», soutient le Docteur Ndoye. L’épidémie se caractérise par son apparition soudaine, évolue rapidement. Cela  occasionne une morbidité élevée c’est-à-dire le nombre de sujets atteints par rapport à l’effectif. La solution pour endiguer le fléau, à en croire le Docteur vétérinaire, c’est la mise en quarantaine des poules atteintes par la grippe aviaire. «Mais cela  ne suffit pas». C’est pourquoi, dit-il, «il fallait saisir totalement l’ensemble des sujets atteints par la grippe aviaire puis les abattre. Une mesure de cette nature s’imposait

CAUSES DE LA CHERTE DES PRIX DU POULET DE CHAIR

Chérif Ba, gérant d’un poulailler situé à quelques mètres du marché de Niacoulrab, près de la pharmacie renseigne que, dans son poulailler, il n’existe que quelques poules. Pourtant, avec la fête qui pointe, le poulet est très prisé. Les éleveurs de poulets installent des bandes de 1500 à 5000 poulets de chair. Cette année, ce n’est pas le cas. Car, la volaille coûte chère. A cela s’ajoute la flambée des prix de l’aliment de volaille. Le sac est passé de 14.000 FCFA à 19.500 FCFA.

«C’est énorme, nous ne pouvons pas nous en sortir à ce rythme. Nous ne bénéficions d’aucune subvention de l’Etat. C’est ce qui explique la cherté du prix du poulet sur le marché».

En outre, les produits pharmaceutiques, indispensables à leurs activités sont également très chers. Les cabinets vétérinaires reconditionnent les produits, en les présentant en sachet de 100g, pour qu’ils soient à la portée  de petits producteurs.  Il s’agit de : Norflox, Tylovet,  Imoxan, etc.

Chérif Bâ, déclare : «j’avais acheté 1000 mille poulets de chair mais  800 sont morts, le 02 avril dernier. J’ignore les causes jusqu’à nos jours. Alors que c’était pour préparer la fête de la Korité car, nous devons faire face à la forte demande pendant cette période. Cette année, c’est le fiasco total. Personne ne viendra à notre secours, pour nous aider à compenser les pertes subies».

DES UNITES DE DE-PLUMEUSE TOURNENT A MERVEILLE, MALGRE LA GRIPPE AVIAIRE

Cependant, les trois unités de dé-plumeuse que nous avons visitées tournent à merveille. Les deux contiguës, situées à quelques mètres du dispensaire de Niacoulrab, sont  très sollicitées. Chacune de ces unités de  dé-plumeuse peut traiter environ 200 poules par jour. Les travailleurs disent être au courant de la maladie de grippe aviaire. Mais nient avoir traité des poulets atteints par la grippe.  Selon  eux, «toutes les poules que nous avons déplumées ici sont en bonne santé. L’épidémie qui sévit n’a pas eu d’incidence sur nos activités», ont-ils fait remarquer.

«LA VIANDE DE VOLAILLE QUE L’ON TROUVE SUR LE MARCHE EST IMPROPRE A LA CONSOMMATION»

Le docteur soutient que c’est faux. «La viande de volaille que l’on trouve sur le marché est impropre à la consommation. Ils ne sont pas dans les poulaillers pour infirmer ou confirmer si la volaille est victime de la grippe aviaire», révèle Dr Yancouba Ndoye. Et aucune mesure exceptionnelle n’a été prise jusqu’à nos jours, face à cette menace. Pourtant, des équipes d’inspection ont été déployées sur le terrain. Mais, elles n’ont pas effectué de prélèvements post-mortem, sur les poules mortes de la grippe, a indiqué le Docteur Ndoye.

Tant que le fléau n’est pas enrayé, le risque de zoonose est bien réel c’est-à-dire la transmission de la maladie de l’animal à  l’homme. Donc, ce n’est pas demain la fin du calvaire. Le H5N1 (appellation qui permet de codifier le virus) a subi des mutations, mieux, des transformations. C’est ce qui explique cette situation confuse. L’épidémie risque de se propager davantage, les oiseaux migrateurs continuant à venir. L’espace aérien ne peut pas être fermé. Pis, «le traitement symptomatique pour limiter les dégâts est bloqué», a précisé Dr Yancouba Ndoye.

LA VOLAILLE INDUSTRIELLE EST LA PLUS VULNERABLE

La volaille industrielle va en pâtir plus que la volaille locale. Cette dernière résiste mieux au virus. Seulement, la rupture des antibiotiques constatée ne fait qu’empirer une situation bien préoccupante. Car la volaille est fragilisée. Certains éleveurs ont dépensé beaucoup d’argent pour l’achat poussins élevés, pour des poulets de chair en vue de la Korité. Sans compter des dépenses effectuées pour l’achat de l’aliment de volaille.

La préparation de la fête a nécessité un investissement de plus de 1 million 500 mille FCFA pour certains éleveurs. Malheureusement,  leurs volailles ont été décimées par la grippe aviaire. Les œufs, très prisés, ont  été  impactés par la maladie de la grippe aviaire. Ainsi, la production a subi une baisse considérable.

Omar Mbaye, trouvé assis sur un banc à la devanture de l’unité de dé-plumeuse de son frère, expose les tablettes d’œufs. Ils arrivent à écouler une cinquantaine de tablettes par jour, malgré la crise qui sévit. Les fournisseurs leur cèdent la tablette à 2500 FCFA.

Il estime que la marge de bénéfice n’est pas importante. «Je ne gagne que 100 FCFA par tablette».  En ce qui concerne l’épidémie, il estime que seuls les producteurs sont en mesure de renseigner les gens sur la situation qui prévaut dans le secteur avicole.

LE SERVICE D’HYGIENE ET LE RESPECT DES NORMES SANITAIRES

La troisième dé-plumeuse, située à quelques encablures du croisement Darou Thioube. L’évacuation des ordures est un véritable casse-tête. El Hadj Guèye souligne : «nous avons des soucis en ce qui concerne les ordures. Nous travaillons nuit et jour, alors que la voiture qui assure l’évacuation des ordures ne passe qu’une fois dans la journée. Le Service d’Hygiène passe visiter régulièrement notre lieu de travail».

En fait le Service d’Hygiène contrôle  aussi les Certificats médicaux. Car, tous les six (6) mois, les travailleurs doivent passer une visite médicale, témoignent M. Guèye et son employé. Dans cette unité, ils travaillent sans répit, même les week-ends. El Hadj Guèye travaille à chaque fois qu’un client le sollicite.

Lamine DIEDHIIOU

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