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Mesure – Hausse unilatérale des tarifs dans le transport urbain : Ça roule comme si de rien n’était – Lequotidien

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La hausse unilatérale de la billetterie de transport urbain par Aftu installe un désarroi chez les usagers. Ces derniers comptent sur l’Etat, à travers ses services concernés, pour faire revenir les transporteurs à la raison.

Par Alpha SYLLA – «J’ai été informée de la hausse des tarifs par un parent. J’ai pris alors mes dispositions. Parce que je ne savais pas de combien il était question.» Mariama quitte chaque jour Zac Mbao pour rejoindre l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il y a une semaine, la jeune étudiante, teint noir à la taille élégante, dépensait 350 F Cfa pour l’aller. Le retour était aussi à ce prix. Mais depuis quelques jours, elle subit la furie des transporteurs qui ont revu à la hausse les tarifs dans les bus Tata. Désormais, elle est obligée de se munir presque de 900 F avant de monter à bord du bus. Au risque de rater ses cours et examens.

Sur l’avenue Cheikh Anta Diop, à hauteur d’Enda tiers monde, les véhicules, principalement des bus et voitures personnelles, avancent à pas de tortue du fait de l’embouteillage monstre qui prévaut. A l’arrêt, sous l’ombre clément d’un arbre planté, un groupe d’usagers scrutent les moments et observent les numéros des bus. Lamine tient compagnie à son amie qui doit prendre le bus à destination de Liberté 5. Du fait de la hausse des tarifs, le jeune élève résidant à Ngor s’est rabattu sur les cars rapides. Mine intéressée, il explique : «Hier, j’ai pris un bus Tata pour quitter le rond-point Sahm pour venir à l’Ucad. J’ai payé 150 francs alors la distance est très courte.» «Le prix des tickets est hors de portée des populations. Surtout pour nous les élèves. Je ne sais pas si les autorités sont au courant, mais si c’est le cas, il est le temps d’agir», explique Ndèye Binta Diop. La pensionnaire du Lycée Maurice Delafosse a trouvé le juste milieu. En effet, elle emprunte le matin les bus Dakar Dem Dikk qui ont conservé leur billetterie habituelle, et le soir, elle rentre à bord d’un autobus.

Teint noir et taille élancée qu’il moule dans un boubou gris, Cheikh dit avoir fait le même constat. Mais «puisque je voyage moins ces derniers temps, c’est aujourd’hui qu’ils m’ont fait payer 200 francs entre Niarry Tally et l’université. Ça ne me fait rien de donner 50 F de plus, mais c’est une chose qui n’est pas à la portée de tout le monde. Dans un Etat, si tout le monde fait ce qu’il veut, c’est le chaos qui s’installe. Malheu­reusement, le ministre des Transports est le premier hors-la-loi», estime le trentenaire.

Aftu dicte sa loi
Depuis 2009, les tarifs du transport public urbain comme interurbain dans notre pays sont homologués et leur structure tarifaire est régie par un décret. «Dans une même zone de desserte, sur un même itinéraire ou tronc commun, les clients peuvent être amenés à payer pour une même offre de service, des tarifs différents selon la ligne», écrit Amady Baro Faye. L’Aftu, principale concessionnaire de transport en commun dans la région de Dakar, n’en est pas à son premier essai. En effet, après une première tentative de hausser les tarifs de transport en janvier, en réponse, dit-il, à la cherté du carburant et des coûts élevés des charges d’exploitation, l’opérateur impose aujourd’hui des tarifs supérieurs à ceux homologués par le ministère des Transports malgré ses mises en garde en janvier dernier, concernant la même situation. Selon plusieurs sources, l’augmentation des tarifs trouverait son explication dans l’obsession des opérateurs de rentabiliser le secteur, au grand dam des usagers. «Même les chauffeurs ne comprennent pas cette augmentation de 50 francs. Ce sont les opérateurs qui ont pris la décision de manière unilatérale», déclare Cheikh, un chauffeur d’une ligne très fréquentée, trouvé au Terminus, près du Canal 4. Les chauffeurs veulent aussi, à leur niveau, profiter de cette hausse pour «demander une revalorisation salariale». «On va déposer une demande. S’il n’y a pas de réponse, nous ne manquerons pas d’aller en grève», avertit l’homme, assis au volant de son véhicule, prêt à partir pour Jaxaay (Keur Massar).

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