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Renvoi devant les chambres criminelles : Sonko et Adji Sarr en position assises

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L’attente aura été longue, mais en fin de compte, l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko sera tranchée par la Justice sénégalaise. Le Doyen des juges d’instruction, Oumar Maham Diallo, a délivré avant-hier 17 janvier, une ordonnance de renvoi devant les chambres criminelles, à l’encontre de Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye, pour viol et menaces de mort. Cela, sur la base «des articles 320 et 320 bis et suivants, du Code pénal et la loi 2020-05 du 10 janvier 2020». Ousmane Sonko et ses conseils ont tout fait pour éviter ce renvoi aux Assises. Ils ont à plusieurs reprises multiplié les procédures pour sinon empêcher, du moins retarder la marche fatidique vers le procès. Mais il était difficile, à lire le réquisitoire du procureur de la République, pour la Justice de faire autrement que renvoyer les parties en procès. Ousmane Sonko a en fait multiplié les manœuvres pour ne pas répondre aux questions concernant l’accusation de viol.

Il est notamment dit que, interrogé par le magistrat instructeur, Ousmane Sonko a contesté les faits qui lui sont reprochés tout en reconnaissant sa fréquentation du salon Sweet Beauté pour des massages. Suite à une question du Juge d’instruction lui demandant s’il aurait entretenu des relations sexuelles même consenties avec Adji Sarr, il a répondu qu’il n’accepterait pas des «questions infamantes et attentatoires à son intimité». Par la suite, à la question de savoir s’il consentait à des prélèvements pour comparer son Adn au sperme prélevé dans le vagin de Adji Sarr, «il a rétorqué que jamais il ne donnera une goutte de son sang ou de son corps à un quelconque prélèvement». En plus de cela, Ousmane Sonko n’a jamais voulu apporter des éclaircissements à aucun point des magistrats. Il est allé même jusqu’à dire, selon les minutes, qu’il ne répondrait à aucune question du Parquet, «puisqu’un Parquet qui complote ne mérite pas qu’on lui réponde».

A la différence de l’accusé, la dame Adji Sarr a semblé, elle, totalement coopérative avec les instructeurs. Ce qui permet au parquetier de déclarer dans ses attendus : «Qu’en l’espèce, Adji Sarr a constamment soutenu, tant à l’enquête préliminaire que devant le Juge d’instruction, avoir été violée à 5 reprises par Ousmane Sonko. Hormis le premier cas de viol dont elle ne se souvenait pas de la date, pour les autres fois, elle a donné avec précision les dates exactes et l’heure, les circonstances, la manière et les détails des viols dont elle a été victime de la part de Ousmane Sonko ; attendu que malgré la précision et bien entendu, le refus, la constance des déclarations de Adji Sarr, Ousmane Sonko se borne à adopter un silence éloquent sur les questions liées aux circonstances des viols ; que le silence adopté par l’inculpé ne fait qu’accréditer les accusations de la victime.» Le réquisitoire du procureur ajoutera «que le fait de refuser de répondre aux questions liées aux circonstances des viols traduit de la part de l’inculpé, une absence d’arguments à faire valoir face à la constance et à la précision des déclarations de la partie civile».

Et bien entendu, le refus de faire le test d’Adn se retourne, dans l’esprit des juges, contre l’accusé. Le procureur l’analyse comme «un aveu de culpabilité. Il est évident que l’inculpé a refusé un tel examen puisqu’il savait d’avance que la concordance des deux Adn confirmerait les déclarations de la victime, sur au moins l’existence d’un rapport sexuel dans la nuit du 2 février 2021».

Mieux encore, s’agissant de la base de l’argumentaire du leader du parti Pastef, qui voulait amener l’affaire sur un terrain politique, les magistrats lui ont rétorqué que «la thèse du complot avancé par l’inculpé pour se mettre hors de cause, manque de pertinence puisqu’il a parlé de tout sauf de ce qui s’est passé à l’intérieur de l’institut Sweet Beauté. Or, les faits qui lui sont reprochés ont eu pour cadre l’intérieur du salon et non le déroulement de l’enquête, et encore moins la neutralité de ses acteurs. Que ce système classique de défense, caractéristique des inculpés ou des prévenus en mal d’arguments solides, s’analyse en une vaine tentative d’ouverture d’un contre-feu afin de détourner la procédure sur des questions sans aucun rapport avec les faits objets de poursuites, que cette démarche est inopérante».

Et lors du procès, Ousmane Sonko aura à ses côtés Mme Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon, qui a été inculpée pour complicité de viol et incitation à la débauche et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs.
Par M. GUEYE – mgueye@lequotidien.sn

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