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Symposium – Politique monétaire : Amadou Bâ invite la Bceao à poursuivre ses réformes – Lequotidien

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Le Premier ministre, Amadou Bâ, qui présidait hier l’ouverture du symposium de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), a plaidé pour que l’institut d’émission poursuive ses chantiers de réformes en mettant l’accent sur les efforts de modernisation du cadre de la politique monétaire.

Par Dialigué FAYE – Dans le cadre de la célébration de son soixantième anniversaire, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a organisé hier, un symposium sur le thème «Les Banques centrales dans un monde en mutation», au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad). A cette occasion, Amadou Bâ, qui présidait la cérémonie d’ouverture, a demandé à l’institut d’émission commun aux huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) de «poursuivre ses ambitieux chantiers de réformes en mettant l’accent sur les efforts de modernisation du cadre de la politique monétaire». Pour le Premier ministre, la Bceao «pourrait ainsi s’inspirer de l’expérience internationale des politiques innovantes qui ont fait leurs preuves dans la lutte contre l’inflation».

Le Pm Bâ explique que «dans un contexte où les Etats et les banques centrales sont confrontés à un des défis de plus en plus complexes, l’inflation galopante constitue le principal facteur d’incertitude sur les perspectives économiques mondiales. Il s’agit d’une préoccupation majeure, puisqu’elle érode le pouvoir d’achat des ménages et crée un surcoût pour l’investissement. Pour la Bceao dont le mandat reste essentiellement lié au maintien de la stabilité des prix, ce défi fondamental doit être relevé».

Quant aux gouvernements, estime Amadou Bâ, «ils doivent continuer à intensifier leurs efforts en vue d’améliorer la productivité des acteurs, d’élargir et de diversifier les bases de ­production de tous les secteurs, qu’ils soient public ou privé. Le financement de nos économies constitue également une préoccupation majeure».

Comment concilier la ­nécessité d’une stabilité macroéconomique et monétaire renforcée, avec l’impératif du maintien des dépenses sociales essentielles et l’urgence de la relance ­économique ?

Pour répondre à cette ­question, Amadou Bâ a décliné quelques axes de réflexion, en vue de favoriser un meilleur financement adéquat des ­économies ouest-africaines et renforcer la crédibilité de leur monnaie commune.
Le Pm a appelé à un ­«renforcement de la coordination entre les politiques budgétaires et la politique monétaire commune qui contribue à la stabilité des prix et au soutien à la croissance…».

Face aux défis de changement climatique, il exhorte «la Bceao à contribuer à mieux identifier les risques financiers liés au climat sur le marché. A cet effet, la banque doit veiller à la prise en compte de ces risques d’une manière adéquate, en agissant en tant que catalyseur pour la transition verte du système financier. De ce fait, elle pourrait soutenir la politique climatique sans courir le risque de dépasser le cadre de son mandat».

La diversification des sources de financement des économies, selon le chef du gouvernement, «constitue une source à ­explorer. Dans ce cadre, la finance islamique offre des opportunités importantes pour répondre aux besoins de ­financement des Etats».

S’approprier les solutions innovantes
Malgré tout, indique l’ancien ministre sénégalais de l’Economie et des finances, «les perspectives économiques ­s’annoncent sous de bons auspices pour les Etats de l’Uemoa dont certains prévoient des taux de croissance à deux chiffres dans un futur proche. Le maintien de cet élan est indispensable dans un environnement où la demande sociale est forte avec une frange encore plus importante de nos concitoyens dont le relèvement du niveau de vie reste une priorité».

Les efforts publics d’investissement et les initiatives privées, selon lui, devraient aussi «être intensifiés en vue de moderniser l’agriculture, améliorer l’offre énergétique…».

A ce propos, déclare-t-il, «nous devons nous approprier les solutions innovantes pour permettre à nos concitoyennes et concitoyens de tirer profit de cette révolution en marche». Il encourage ainsi la Bceao à poursuivre ses travaux dans ce domaine. Car, avise Amadou Bâ, les incertitudes du moment et les bouleversements en cours invitent les Etats à consolider les ­fondements de l’union économique et monétaire.

L’ancien gouverneur de la Bceao, Thiémoko Meyliet Koné, ne dit pas le contraire. «Tous ces bouleversements donnent une idée de ce qui nous attend demain, au-delà des chocs exogènes qu’il faut déjà maîtriser. L’adaptation de nos économies aux changements climatiques et à la transition énergétique nécessite des financements importants. Une situation qui interpelle la sphère de financement de l’activité économique, mais aussi et forcément les politiques monétaires dans un contexte où les tensions inflationnistes sont à surveiller pour préserver au mieux la stabilité macro-économique», soutient M. Koné, actuel vice-président de la République de Côte d’Ivoire.

Amadou Bâ s’est félicité que la Bceao, dans le cadre de la gestion monétaire, «a décidé d’accompagner les politiques économiques des Etats dans les conjonctures difficiles consécutives aux chocs comme celui engendré par la pandémie du Covid-19. En effet, elle a su faire preuve d’agilité et trouver chaque fois que de besoin, les instruments adaptés, afin ­d’apporter son appui à la mise en œuvre des stratégies de ­croissance de nos économies, tout en restant fidèle à son ­mandat de maintien de la stabilité des prix».

Tourner le regard vers l’avenir
En 2020, rappelle le nouveau gouverneur de la Bceao, Jean-Claude Kassi Brou, «lors de la pandémie du Covid-19, la Banque centrale a ajusté ses instruments pour assurer la liquidité du système bancaire nécessaire pour accroître les financements des économies et contribuer ainsi à la relance».

Aujourd’hui, assure le successeur de Thiémoko M. Koné, «il s’agit de tourner le regard vers l’avenir, au vu des nombreux défis actuels, c’est l’objectif de ce symposium de 2022».

A l’occasion du 50e anniversaire de la Bceao en 2012, renseigne le gouverneur Brou, «les questions d’intégration et de mutation financière internationale étaient au cœur des réflexions, avec en toile de fond, la stabilité macroéconomique et le financement des économies. Les enseignements tirés lors de ce symposium de 2012, ont été une source d’inspiration pour les réformes mises en œuvre dans le domaine monétaire et financier au cours de la dernière décennie». Le patron de l’institut d’émission relève qu’il y a dix ans, aucune analyse n’avait prédit l’apparition de la pandémie du Covid-19 avec ses effets négatifs sur l’économie mondiale, les chocs qui en ont suivi, ni le conflit entre la Russie et l’Ukraine dont nous subissons les conséquences.

De même, personne n’avait anticipé l’ampleur de la crise sécuritaire que connaît notre sous-région depuis quelques années…

Alors, comment ne pas s’interroger sur la transmission de la politique monétaire, sur le contrôle prudentiel et les implications du nouveau paysage de paiement qui se dessine, sur la nécessaire coordination entre les politiques monétaires et budgétaires dans ce contexte inflationniste et incertain… ?».

C’est pour réfléchir à ces questions que la Bceao a invité au symposium 2022, des participants aux profils divers, pour un partage d’expériences.
dialigue@lequotidien.sn

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