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Thiès – Conflit foncier : Thiénaba Seck, terre de feu

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Depuis un certain temps, la cité de Thiénaba est le théâtre de violents affrontements entre les éléments de la gendarmerie et les exploitants agricoles de la zone, qui contestent le lotissement de leurs champs entrepris par le maire de la commune, Talla Diagne, qui exécuterait une décision du Khalife général, Serigne Assane Seck. Dans cette affaire, neuf des dix jeunes arrêtés ont été libérés après leur face-à-face avec le procureur de Thiès. L’enseignant Pape Mor Sylla sera le seul à se présenter, à nouveau, devant le juge, vendredi 28 avril prochain.

Par Cheikh CAMARA – Neuf jeunes recouvrent la liberté sur les dix qui ont été arrêtés et retenus à la brigade de gendarmerie de Thiénaba, suite aux violents affrontements survenus, le mercredi 19 avril 2023, dans la cité religieuse de Amary Ndack Seck, entre les populations et les Forces de l’ordre. Alioune Mar Seck, Pape Mor Sylla, Ndiouga Ndiaye, Mbaye Dia, Mame Talla Ndiaye, Cheikhou Sall Guèye et leurs quatre autres camarades ont été présentés au Procureur du tribunal de Thiès, le vendredi 21 avril 2023. Suite à des médiations entreprises par des membres de la famille maraboutique de Amary Ndack Seck, 9 des personnes interpellées ont recouvré la liberté. Seul Pape Mor Sylla, enseignant à l’école primaire Ndia­né, dans la commune de Thiénaba, a été placé sous mandat de dépôt. Arrêté suite à une plainte du fils du maire de Thiénaba, il doit se présenter, à nouveau, devant le procureur, le vendredi 28 avril prochain. Cependant, devant les enquêteurs, il avait nié les faits de coups et blessures qui lui sont reprochés. «Au moment des faits, je n’étais même pas sur les lieux. Aucun témoin ne peut attester de ma présence sur les lieux, ce jour, au moment des échauffourées.»

Pour rappel, en début de semaine, des affrontements ont eu lieu à Thiénaba entre les Forces de l’ordre et des jeunes de la localité qui s’opposent à un projet de lotissement, suite à une délibération «fictive» de la mairie, et que le Collectif des exploitants agricoles de Thiénaba Seck a décidé de combattre. Des négociations au­raient été entamées par le Khalife général de la cité religieuse, pour trouver un terrain d’entente entre le maire et les propriétaires des terres. Le Collectif des exploitants agricoles de Thiénaba se désole des «pratiques de fraudes et de manipulations sous la conduite du maire Talla Diagne qui ne cesse d’induire en erreur la famille maraboutique».

Les gens se rappellent que la cité religieuse a toujours connu des litiges fonciers, au point qu’entre 2002 et 2003, il a même été mis sur pied ce collectif des habitants de Thiénaba pour la défense du foncier. Ses membres expliquent qu’«à l’origine de ce courroux, un promoteur, sur instruction du maire de Thiénaba, a entamé des lotissements sur l’espace qu’utilisent les exploitants agricoles. Après des médiations qui sont restées sans suite, les populations sont descendues dans la rue pour manifester leur colère». Au­paravant, ces exploitants agricoles se sont rendus sur les lieux pour détruire les bornes. Très remontées contre le premier magistrat de la cité, les populations évoquent «un abus d’autorité, une violation flagrante des conditions d’affectation et de désaffectation des terres du domaine national» et expliquent que «depuis 2014, le Conseil municipal ne s’est jamais réuni pour faire une quelconque délibération portant sur des lotissements». Lors d’une rencontre entre la Dscos à Mbour et les membres du collectif qui comptent poursuivre le combat, il a été révélé que «ces lotissements ont été autorisés par l’Etat».

Au cours d’un point de presse de clarification de cette affaire, le porte-parole du jour des populations, Serigne Souley­mane Seck, a souligné que «si cette affaire en est là, c’est parce qu’il n’y a pas eu de dialogue entre le maire, les chefs de village et tous les propriétaires terriens». Et de poursuivre : «L’édile de la ville devait prendre le temps de se concerter avec tous les propriétaires terriens avant d’agir.» Le porte-parole du collectif des exploitants, Gora Ndiaye, lui, remarque que «tant qu’il n’y a pas de dialogue, il sera difficile d’installer un climat de paix».

Force est de reconnaître que plusieurs personnes ont eu à intervenir dans ce contentieux qui, depuis plus de 5 ans, avait été maîtrisé, suite aux directives des différents khalifes de Mame Ahmadou Ndack Seck et des autorités administratives d’alors. Le Collectif des exploitants agricoles, qui devait ré­cemment rencontrer le khalife de Thiénaba, avait aussi alerté le sous-préfet, mais, s’offusque-t-il, «ce dernier semble faire la sourde oreille dans cette affaire nous opposant au maire Talla Diagne», qu’il accuse de «faire une spéculation foncière sur les terres de Thiénaba, en délivrant des actes administratifs frauduleux et parfois des délibérations fictives.

Le constat, sur le terrain, est que les partisans des propriétaires des champs qui s’opposaient à «toute idée de lotissement initié par la mairie pour le compte du khalife de Thiéna­ba», ont procédé à la «destruction systématique des bornes implantées par le promoteur». Et avec, par la suite, la présence des agents de la Dscos, renforcés par un important dispositif sécuritaire de la gendarmerie, des échauffourées ont éclaté entre une partie de la population et les Forces de défense et de sécurité, à travers une altercation qui a commencé au niveau du site litigieux et qui s’est déplacée dans la cité religieuse, avec des échanges de jets de pierres et de lacrymogènes.
Correspondant

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