Home Actualités Art – Résidence artistique : Black Rock cherche artistes sénégalais… désespérément

Art – Résidence artistique : Black Rock cherche artistes sénégalais… désespérément

0
Art – Résidence artistique : Black Rock cherche artistes sénégalais… désespérément

Sur à peu près 1200 candidatures reçues chaque année, 4 ou 5 seulement viennent des artistes sénégalais. Pourtant, la résidence Black Rock, installée à Yoff-Virage, offre un cocon à nul autre pareil pour faire éclore la création artistique contemporaine.

Par Mame Woury THIOUBOU – Kehinde Willey, le célèbre artiste américain, auteur du portrait du Président Obama, a choisi les côtes sénégalaises pour y mener une expérience singulière. La résidence Black Rock, qui doit son nom aux roches noires qui bordent la côte à cet endroit, Yoff-Virage, accueille depuis 2019 des artistes en résidence. Dans un cadre luxueux et agréable, elle accueille des artistes par cycle de trois. Ces artistes sont logés, choyés et épaulés par une équipe d’une trentaine de personnes de la résidence. Depuis le 12 janvier et jusqu’au 12 mars 2023, un appel à candidatures est lancé pour le recrutement de la nouvelle cohorte de résidents. Mais pour cette fois, la directrice de la résidence a décidé d’inverser la tendance. En effet, depuis le lancement de la résidence en 2019, les artistes sénégalais y ont brillé par leur absence. Les rares candidatures sénégalaises n’ont pas pu franchir le portail imposant de cette maison. «Nous n’avons pas encore eu d’artistes sénégalais. Et on va faire toute une campagne pour encourager les artistes sénégalais à candidater. Sur à peu près 1200 candidatures par an, on a 4 ou 5 Sénégalais», regrette Kéwé Lô, directrice de la résidence. Ainsi, une stratégie a été mise en place pour changer la donne. «On va se rapprocher des artistes et les accompagner dans le processus de sélection pour avoir au moins deux Sénégalais par an», assure Kéwé Lô. Pourquoi cette absence des artistes sénégalais ? Mme Lô préfère évoquer un manque de communication. «Je considère que c’est à nous d’aller vers les artistes pour communiquer sur l’ouverture de l’appel à candidatures», dit-elle.

Chaque candidat doit présenter un projet artistique. «Au départ, on ne sait pas qui est le candidat, donc on se focalise sur le travail artistique, la force de l’œuvre, la qualité technique, l’esthétisme et la force du propos que l’artiste soumet. C’est bien plus tard dans le processus de sélection que l’on sait qui est la personne derrière ce travail. Un comité de juges, composé d’artistes, de directeurs de musée, de curators, font la sélection finale et ils sont assez libres dans leurs critères. Ils sélectionnent selon leur propre approche de l’art et leur propre sensibilité», explique Mme Lô. Il faut dire que les candidatures viennent de partout dans le monde. En moyenne, 16 artistes sont choisis pour venir séjourner entre 1 et 3 mois à Black Rock.

Aujourd’hui, la Résidence Black Rock boucle son 3e cycle de résidence. A peu près une cinquantaine d’artistes y ont séjourné autour de 8 pratiques artistiques : peinture, photo, création textile, sculpture, cinéma, littérature, multimédia et son, et performance. Dans la pratique, la résidence met à leur disposition un espace de travail, un logement et une équipe de coordonnateurs et producteurs artistiques qui les accompagne dans leur recherche, les met en lien avec la scène artistique dakaroise et des autres régions du Sénégal. «Ce qui, du coup, les aide à développer et approfondir leur recherche. C’est vraiment une plateforme pour soutenir et galvaniser la jeune scène créative», indique Mme Lô.

Black Rock est tout droit sorti de l’imagination du portraitiste de Barack Obama. Lors d’une escale à Dakar de la Compagnie Air Afrique qu’il avait pris en 1997 pour aller au Nigeria, Kehinde Wiley découvre Dakar. Sur le site de la résidence, le célèbre artiste raconte la genèse de l’idée : «C’était mon premier séjour en Afrique et j’ai été immédiatement fasciné par la langue, la nourriture, l’art, la culture et les traditions du Sénégal. Après des années passées à explorer les différentes cultures et pays du continent, j’ai eu envie de créer un espace de travail en Afrique de l’Ouest. En tant qu’artiste travaillant en Occident, je désirais créer un lieu innovant permettant d’explorer de nouvelles idées et d’aborder la création en dehors de toute référence à la culture occidentale, pour réaliser des œuvres qui trouvent leur ancrage dans mes propres racines. Black Rock est une réponse directe à ce désir d’avoir une relation authentique avec l’Afrique, et de combler un vide que je partage avec de nombreux Afro-Américains.»
mamewoury@lequotidien.sn

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here