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Lutte contre le trafic de drogue : 805 kg de cocaïne dans les filets de la Marine – Lequotidien

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Les saisies de drogue dans les eaux sénégalaises se multiplient. Après celles des mois de juin et octobre 2021, la Marine nationale a réussi une nouvelle opération. La Dirpa informe qu’il a été intercepté, dans la nuit du dimanche, un navire avec à son bord plus de 800 kg de cocaïne. En y ajoutant les dernières saisies faites par les Douanes il y a quelques semaines, cela montre que le trafic de drogue dure s’intensifie dans la zone.

Par B. SAKHO – Les eaux sénégalaises sont-elles des zones de transit pour les cartels ? C’est une nouvelle opération que vient de réussir la Marine nationale dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Même si ce n’est pas la plus grosse saisie, elle montre néanmoins une situation qui se banalise. Selon la Dirpa, la Marine nationale a intercepté un navire impliqué dans un trafic international de drogue : il s’agit… de plus de 800 kg de cocaïne. Le patrouilleur «Kédougou», qui a mis fin au trafic à… 335 km au large de la capitale. Sans donner de détails sur le navire intercepté, son équipage, son point de départ ou la valeur de la cargaison, les autorités militaires et judiciaires sont en train de tracer la suite à donner à cette affaire.

Aujourd’hui, le trafic de cocaïne dans nos eaux est une sérieuse menace sécuritaire. Tant les saisies de drogue se multiplient dans le pays. En octobre, les Douanes sénégalaises avaient mis la main sur 300 kg de cocaïne, cachés dans un camion frigorifique en provenance du Mali. Quelques jours plus tard, elles avaient réussi à déjouer une tentative d’introduction de drogue dans le territoire national. La saisie a eu lieu à Kaolack et portait sur 25 kg de cocaïne pure composés de 25 paquets de poudre blanche d’un kg chacun et d’une valeur totale de 2 milliards de francs Cfa.

Pour la Marine nationale, les saisies de drogue en haute mer commencent à se banaliser. Le 17 octobre 2021, elle avait effectué avec succès une opération d’interception à 196 nautiques (363 km) de Dakar, d’un navire dénommé La Rosa ayant à son bord 5 membres d’équipage impliqués dans un trafic international de drogue. Les premières fouilles ont permis de dé­couvrir à bord de la cocaïne pour un poids estimé à 2026 kg. L’opé­ration a été réalisée grâce à l’appui aérien de l’avion de pa­trouille maritime Casa 235 de l’Ar­mée de l’air et de l’avion Fal­con 50 français stationné à Dakar.

Financements de groupes armés
Cette nouvelle saisie de drogue en mer est la troisième constatée ces derniers mois. Le 27 juin 2021, la Marine nationale avait aussi intercepté un navire avec une grande quantité de haschich. Si la Dirpa n’avait pas donné de détails sur la quantité de la cargaison, il a été découvert que l’embarcation transportait 8,333 tonnes de haschich. 21 jours avant, c’est-à-dire le 6 juin 2021, ce sont huit tonnes de haschich qui ont été saisies au large de Dakar.

En regardant le dernier rapport de l’Onudc, publié le 27 juin dernier, on doit s’inquiéter de la circulation de la drogue. Selon elle, entre 2019 et 2022, «au moins 57 tonnes de cocaïne ont été saisies en Afrique de l’Ouest ou en route vers cette région, principalement au Cap-Vert (16,6 tonnes), au Sénégal (4,7 tonnes), au Bénin (3,9 tonnes), en Côte d’Ivoire (3,5 tonnes), en Gambie (3 tonnes) et en Guinée-Bissau (2,7 tonnes)». Que dire ? Long­temps considérée comme une simple zone de transit, l’Afrique de l’Ouest et du Centre est aussi devenue une région de forte consommation de drogues, note l’Onudc.

Elle souligne que dans cette région, «9,7% de la population âgée de 15 à 64 ans ont consommé du cannabis en 2020 et 2,4% des opioïdes pharmaceutiques à des fins non médicales». C’est plus que «les estimations au niveau mondial qui s’élèvent respectivement à 3,8% et 1,2%», selon l’Onudc. Dans son rapport, elle souligne que «la consommation de drogue en Afrique touche principalement les jeunes hommes de moins de 35 ans» et que «93% des personnes trai­tées pour des troubles liés à la consommation de drogues en Afrique sont des hom­mes» dont «l’âge moyen est d’environ 30 ans».

Par ailleurs, l’organisme onusien rappelle que «les atteintes à l’Etat de Droit, générées par les conflits et tensions politiques, offrent un environnement propice à la production et au trafic de drogues, générant des revenus aux groupes armés qui, à leur tour, alimentent les conflits». Pour l’Onudc, les «groupes armés sahéliens trafiquent par exemple de la résine de cannabis, principalement produite en Afrique du Nord pour les marchés de consommation d’Europe et du Moyen-Orient. Ce trafic donne parfois lieu à des affrontements meurtriers entre les groupes armés de la région».

Le rapport estime que «si 90% de la cocaïne saisie dans le monde suivent les routes maritimes, d’importantes saisies enregistrées au Niger (214 kg), au Burkina Faso (115 kg) et au Mali (33,9 kg) depuis 2021, démontrent que la route sahélienne reste une zone de transit relativement importante». «Les arrestations en Afrique de l’Ouest, associées à des saisies record de cette drogue dans la région, suggèrent également que le trafic, en dehors de la zone de conflit du Sahel, pourrait financer les groupes armés qui y opèrent. Plusieurs individus soupçonnés d’être impliqués dans des saisies de cocaïne dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée-Bissau, en Gambie et en Côte d’Ivoire, détenaient par exemple des passeports de pays sahéliens», ajoute-t-il.
bsakho@lequotidien.sn

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