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Médias – Information, désinformation, propagande : Le gingembre s’invite dans la cohésion sociale

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Médias – Information, désinformation, propagande : Le gingembre s’invite dans la cohésion sociale

Le gingembre littéraire s’invite dans le débat sur la cohésion sociale sous l’angle de l’information, de la désinformation et du rôle des médias dans la cohésion sociale.

Par Moussa SECK – «Le Sénégal peut être un hub intellectuel, pas que de pétrole et de gaz.» Un hub, fermenté au gingembre ! C’est du moins, ce que se propose la rencontre de ce 2 décembre.

Son initiateur, des rencontres «Gingembre», qui peuvent être de toutes les saveurs : «on peut dire gingembre littéraire, politique, économique selon le sujet, la thématique sur laquelle nous appelons nos éminents intervenants à parler, discuter avec le public», renseigne El Hadji Gorgui Wade Ndoye. Et pour la deuxième journée de la quatrième édition de cet évènement devenu annuel, il a été question d’information, de désinformation et de l’impact que les médias peuvent avoir sur la cohésion sociale. Et, les remarques peignent un tableau qui n’est pas des plus gais. Ce, parce que la cohésion sociale, «qui semble être une denrée presque naturelle au Sénégal, est en train d’être déstabilisée par des propos haineux, par aussi des comportements irresponsables de certains hommes politiques, mais aussi des citoyens, qu’ils soient journalistes ou autres», dira à ce propos M. Ndoye qui ne manque pas d’appeler à plus de vigilance. Vigilance, le terme sera repris par M’ma Camara. L’Ivoirienne, reporter de guerre en plus d’être la première Journaliste reporter d’image (JRI) de son pays, attirera l’attention sur les nouvelles pratiques liées au numérique, à l’intelligence artificielle de surcroit. Ainsi évoquera-t-elle les «deepfakes», qui sont des «manipulations de l’image, qu’elle soit photographiée ou en vidéo». Des procédés qui peuvent faire dire, faire faire à autrui des actes et paroles qui ne sont pas de lui, mais que des tours de passe-passe des temps modernes lui attribuent. La formatrice énonce, toujours traitant des «deepfakes», qu’ «à vue d’œil, c’est quelque chose de parfait». De parfaitement trompeur du coup ! Mme Camara en appellera ainsi, encore, à la vigilance et à la nécessité pour tous d’être «éduqués aux critères de détection de ces vidéos et de ces images». Parce que, renchérit-elle, on ne peut plus avoir aveuglément confiance aux vidéos. De la sensibilisation, alors. Qui, à l’en croire, «passe par les écoles de journalisme». Endroit n’aurait donc pas été meilleur choix qu’Ejicom, qui a accueilli ce panel.

«Moments de respiration intellectuelle»
Un tableau aux couleurs sombres n’est cependant pas un prétexte pour ne pas oser le débat. M. Ndoye insistera sur l’idée…d’organiser des rencontres où on parle idée. En soulignant à l’occasion, qu’il serait dommage que le Sénégal renonce à l’acte de penser. Des rencontres, «mes moments de respiration intellectuelle», ainsi formulé par Mamadou Dione qui était de la table des panélistes. Le maire de Diass, de par son intervention, mettra au goût du jour que le gingembre peut être d’une teneur amère. Et, pour lui, «le ver est déjà dans le fruit», l’importance étant, dorénavant, de «développer des anticorps». Surtout pour des métiers tels que le journalisme. Il en va de la stabilité et de la cohésion sociale, dans une ère de «cybercolonisés» où chacun peut s’improviser journaliste grâce (à cause ?) au numérique et des opportunités qu’il offre. Le vœu, c’est par conséquent que «ces moments de respiration entrent dans tous les poumons des Sénégalais», ainsi souligné par M. Ndoye, à la suite de M. Dione.

Guerre de l’information 
«Les «deepfakes» ont pris le rôle d’outils de propagande», fait remarquer M’ma Camara, qui sera rejointe par Mamadou Dione, ce dernier insistant sur le fait que personne n’est à l’abri. L’exposé du journaliste suisse, Frédéric Koller, apportera des éclairages en ce sens. «On est dans une lutte d’influence géopolitique au niveau mondial.»

Et ce qu’on observe, «vu d’Europe, en tous cas», «c’est qu’à travers les bouleversements technologiques que sont ceux de l’information, des réseaux sociaux, etc., il y a une diffusion de l’information qui est devenue plus générale». Russie, Chine, Europe, Etats-Unis…la notion de «guerre de l’information» n’est plus un mythe. «On parle de narratif, de récit et de comment convaincre les opinions publiques». Et tout cela «est devenu un enjeu très fort ces dernières années pour les journalistes. Propagande et influence ont certes toujours existé, mais, les outils technologiques en rajoutent une couche, de l’avis de M. Koller. Qui dira, dans la même logique et parlant de la désinformation, que «c’est une arme de destruction de la confiance». Mme Camara mettra sur la table, parmi tant d’autres, un fait qui entraîne la mise en mal de la cohésion sociale par les médias : la course à l’exclusivité. Disant, à ce propos, qu’avec les nouveaux outils du numérique, il y a une tendance à pencher vers un journalisme d’internet. Le métier, ainsi, s’éloignant des bases qui la fondent parmi lesquelles la vérification.

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