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VACCINATION OBLIGATOIRE POUR LA OUMRA : LE BLUES DES VOYAGISTES

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VACCINATION OBLIGATOIRE POUR LA OUMRA : LE BLUES DES VOYAGISTES

Mois de pénitence, de dévotion et de piété, le ramadan a débuté au Sénégal, le mardi 13 avril 2021 pour certains et le mercredi 14 avril 2021 pour d’autres. Durant cette période, nombreux étaient les musulmans sénégalais qui se rendaient à la Mecque, en Arabie Saoudite, pour effectuer la Omra, communément appelée le petit pèlerinage.

Contrairement au grand pèlerinage annuel, la Omra n’est pas obligatoire. Suspendue en mars 2020, elle a repris. Mais, ceux qui doivent l’effectuer sont astreints à des conditions. Ils ne doivent pas, non seulement, avoir plus de 50 ans, mais également ils doivent être immunisés. Autrement dit, ils doivent être des personnes qui ont déjà reçu deux doses de vaccin ou qui sont guéries de la maladie. Des restrictions qui tuent le marché, au Sénégal.

DES AGENCES METTENT LA CLÉ SOUS LE PAILLASSON, DES MILLIONS PERDUS

Palla Mbengue, patron de « Lebou Gui Voyage », est très connu dans le secteur du pèlerinage qui a longtemps exploité le créneau. Mais cette année, à cause des restrictions annoncées, il a fermé boutique. « J’ai fermé mon agence depuis très longtemps à cause du coronavirus. Dans le passé, on exploitait le créneau de la Omra et je convoyais, au minimum 400 personnes qui payaient 2,8 à 7,5 millions de francs CFA pour les VIP (les nantis). Mais, cette année, j’ai décidé de ne pas prendre de risque à cause des mesures. Il faut cautionner de l’argent. Il faut payer les hôtels à l’avance alors qu’on n’est pas sûr d’avoir la clientèle parce que ceux qui font la Oumra ont souvent plus de 50 ans », a-t-il expliqué, joint au téléphone. Il indique que les contraintes auxquelles ils sont astreints sont nombreuses. Ainsi, il préfère attendre que de se lancer dans une activité qui pourrait lui porter préjudice.

Profitant de l’occasion, il a demandé au président de la République, Macky Sall, d’apporter son soutien aux agences de voyage qui, dit-il, sont aujourd’hui dans des situations extrêmement difficiles. « On est en train de perdre notre business. On a perdu beaucoup d’emplois », regrette le Président du Patronat des Agences de voyages du Sénégal.

À l’instar du premier, El Hadji Pape Bassirou Cissé, responsable de Al Houda Pèlerinage, n’a pas pris de risque. Cette année, il a décidé de mettre en stand-by ses activités relatives à la Oumra. « Notre agence est à l’arrêt présentement. La situation est tellement compliquée qu’on ne peut pas prendre de risques. En plus, il est très difficile d’avoir des clients qui veulent faire la Omra à cause des restrictions prises par l’Arabie Saoudite », déplore-t-il.

MOINS DE 10% DES SÉNÉGALAIS QUI FONT LE PETIT PÈLERINAGE

La journaliste Hourèye Thiam est la responsable de l’agence « Machala pèlerinage , spécialisée dans la Omra. La Omra, explique-t-elle, est une activité qui demande beaucoup d’engagement et de réactivité. Contrairement aux autres, elle poursuit ses activités. Mais, elle avoue que le coronavirus a fortement impacté l’activité parce que, non seulement, elle reprend timidement, mais également il y a beaucoup de conditions, de critères qui font qu’elle est très réduite.

« Aujourd’hui le plafond d’âge est réduit à 50 ans pour la Omra. Ce qui fait qu’on a moins de 20% de personnes qui partent ». A cela s’ajoutent la cherté des hôtels et des billets d’avions d’autant plus qu’il y a peu de compagnies qui sont autorisées à faire la décharge. « Aujourd’hui, pour la restauration, on a plus la possibilité d’avoir des buffets comme auparavant. La restauration est restreinte avec des services dans les chambres. En plus de cela, il y a un confinement de trois jours. Quand on arrive à Médine, on reste confiné pendant trois jours. Ça, c’est très dur aussi », regrette-t-elle.

Il y a, selon elle, une baisse considérable du nombre de personnes qui effectuent le pèlerinage. A l’en croire, annuellement, il y avait au Sénégal, à peu près de 3 000 personnes qui partaient à la Mecque pour faire la Omra. Actuellement, relève-t-elle, pour le regretter : « on a repris mais on n’a pas encore enregistré 200 personnes. On est à moins de 10% de personnes qui partent aujourd’hui ».

D’après elle, la demande est là puisqu’il y a beaucoup de gens qui voudraient y aller mais, « à cause de la restriction et des conditions difficiles, ils ne peuvent pas le faire ». D’un autre côté, poursuit-elle, « il y a des gens qui nous disent qu’ils veulent partir mais, ils ont peur de prendre le vaccin. Ils sont toujours réticents ».

LES VACANCIERS DE LUXE, LA NOUVELLE CLIENTÈLE

En effet, même si les agences de pèlerinage ont perdu la quasi-totalité de leurs voyageurs à cause des restrictions, il y a, cependant, une nouvelle clientèle qui frappe à leur porte. Il s’agit de ceux qui, d’habitude, passaient leurs vacances au bord des belles plages américaines ou européennes. « Certaines personnes qui avaient l’habitude d’aller passer leurs vacances en France ou aux États-Unis préfèrent maintenant aller faire la Omra. Ce sont ces gens-là qui nous sollicitent. Nous parvenons à convoyer des groupes. Ils en profitent bien. Tous ceux qui partent apprécient le séjour. Ils ont plus d’espace parce qu’il n’y a pas beaucoup de monde. La distanciation sociale est respectée. On vit autrement la Omra », a informé Hourèye Thiam, indiquant que ses clients déboursent des sommes allant de 2 millions à 4,5 millions de francs CFA parce que c’est un séjour 5 étoiles.

Malgré cela, les pertes de profit sont toujours persistantes. « L’année dernière, quand on fermait à cause de la Covid-19, on avait déjà des groupes qui devaient partir. On avait déjà payé les hôtels pour la Omra. Personnellement, jusqu’à présent, on ne m’a pas encore remboursé », a déclaré Hourèye Thiam qui suit les formalités pour rentrer dans ses fonds. Mais, cela ne la décourage pas. Elle continue à se battre car, pour elle : « La qualité d’un manager, c’est de pouvoir vivre avec les difficultés et apprendre à les surmonter ». Aujourd’hui, c’est ce qu’elle fait. Elle travaille dans le cadre du respect des critères tout en appliquant les restrictions édictées par les autorités saoudiennes.

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