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Dialogue politique, réaménagement gouvernemental : Macky Sall a les cartes en mains

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En vue du dialogue à venir et auquel il convie toute la classe politique, Macky Sall aura les moyens, si nécessaires,  de satisfaire ceux qui accepteraient de rejoindre sa coalition et de travailler à ses côtés. Comme aussi il pourrait facilement accéder aux vœux de ceux qui voudraient le voir se débarrasser de certains de ses proches occupant certains postes stratégiques.

Par Mohamed GUEYE – Le président de la Répu­blique se prépare à opérer un vaste remaniement ministériel. Ce n’est pas être dans le secret des dieux que de s’essayer à cette déclaration. C’est juste une analyse froide de la situation découlant des évènements qui se sont produits depuis une dizaine de jours dans le pays. On peut ainsi dire que le départ de Idrissa Seck et de ses ministres de la coalition gouvernementale relance les cartes et ouvre de belles perspectives au Président Macky Sall dans le cadre du dialogue national auquel il a convié les acteurs politiques. C’est l’un des sens à donner au «gonflement» des attributions du Premier ministre Amadou Ba.

Le dialogue politique voulu par le chef de l’Etat, une fois entamé, ne devrait pas s’éterniser, contrairement à ce que pourraient penser certains «analystes politiques». Il ne s’agira pas ici de discuter du sexe des anges, mais d’aller directement dans le vif du sujet. Comme l’a laissé entendre le Président lors de son face-à-face avec le journaliste Assane Guèye de la Rfm, certains acteurs politiques seraient demandeurs de certains points en particulier, comme Khalifa Sall, qui piaffe d’impatience de prendre part à l’élection présidentielle à venir. Il se pourrait que d’autres aient également d’autres considérations, comme la levée du blocus que représente le système des parrainages, par exemple. Des points pratiques et dont la résolution ne devrait pas demander de faire traîner les choses, comme ce fut le cas avec le Dialogue national, convoqué juste après la Présidentielle de 2019…

On comprend donc que dans ces conditions, les ministères de l’Elevage et des Sports ne soient pas encore confiés à un titulaire quelconque, et laissés sous la tutelle du Premier ministre. Soit dit en passant, ce n’est pas une nouveauté de voir le chef du gouvernement adjoindre à ses fonctions un maroquin ministériel. Cela avait été notamment le cas lors de la démission/destitution de Thierno Alassane Sall du ministère de l’Energie. Son portefeuille avait été occupé d’urgence par le Premier ministre Boun Abdallah Dionne.

Dans le cas qui nous occupe, Macky voudrait se donner une certaine marge de manœuvre. Si les conclusions du dialogue à venir devaient lui imposer d’élargir son gouvernement à de nouveaux entrants, ou si, pour satisfaire les desiderata de son opposition, il devait donner des garanties d’ouverture et de transparence, par exemple, en mettant en place un ministère chargé des Elections, comme avait eu à le faire le Président Wade en son temps, il n’aura pas ainsi de problèmes pour recaser celui ou ceux de ses poulains qu’il devrait sacrifier à l’autel du dialogue.

De manière concrète, mais de façon tout à fait hypothétique, si un Félix Antoine Diome devait, par sa proximité chantée avec le chef de l’Etat, poser problème à une frange de l’opposition, qui ne souhaiterait pas le voir piloter les élections à venir, le Président serait obligé de l’enlever du poste stratégique de l’Intérieur.
Mais puisqu’il n’aurait personnellement pas à se plaindre de lui, il faudrait alors à Macky lui trouver un autre point de chute. Ici, plusieurs options s’offriraient au Président. Soit l’appeler à ses côtés, en lui confiant la Direction de son Cabinet, que vient de quitter Abdoulaye Daouda Diallo, qui hérite du fauteuil laissé vacant par Idrissa Seck au Cese. Ou alors prendre un autre portefeuille gouvernemental, qui pourrait être soit l’un des deux confiés au Premier ministre, ou un autre, aussi prestigieux que celui qu’il aura quitté, et qui lui sera accordé après remaniement.

C’est dire que, contrairement à ce que pourraient croire certains acteurs désabusés, les enjeux du dialogue national à venir seront décisifs pour beaucoup d’acteurs politiques, aussi bien du pouvoir que de l’opposition. Rien ne dit que les déclarations d’intention que l’on entend actuellement seront toujours d’actualité à la sortie de ces prochaines «Assises». Beaucoup de cartes pourraient être rebattues, et qui sait, de nouvelles alliances se former. Ou se défaire.
mgueye@lequotidien.sn

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